La Chambre nationale des émetteurs de tickets restaurant, relevant de l’Utica, a mis en garde les propriétaires de restaurants liés par des conventions avec ladite chambre de réduire intentionnellement la valeur des tickets restaurants. Ceux qui bénéficient de ces tickets sont souvent confrontés à la réduction de 10%, voire 15%, de la valeur des bons, une pratique contestée par les émetteurs de ces tickets.
Cette pratique est généralement observée auprès des magasins qui offrent également des contre-bons d’achat pour le reliquat non utilisé. Cela a été également signalé par la chambre, qui a banni ces habitudes.
Le cœur du problème est que les Tunisiens considèrent ces tickets comme un complément de salaire. Ils sont utilisés pour effecteur des achats pour le foyer. Ces montants ne sont pas intégralement dépensés dans des restaurants. Ils acceptent donc des décotes pour pouvoir acheter des biens auprès des enseignes de la grande distribution ou même des boutiques. En d’autres termes, des tickets restaurant sont utilisés comme ceux des cadeaux ou loisirs.
Par ailleurs, la chambre nationale a rappelé les propriétaires de restaurants qu’ils doivent impérativement remettre les tickets pour se faire rembourser, soit personnellement, soit par poste. Ils doivent, surtout, s’abstenir de les réutiliser pour leurs propres dépenses. Cette pratique nous montre une autre facette du problème, celui de la trésorerie.
Bien que ces tickets constituent une partie importante du chiffre d’affaires des restaurants, surtout avec l’inflation, ils ne sont convertis en cash que quelques mois après leur encaissement. Les restaurateurs rencontrent donc des difficultés dans le financement du cycle d’exploitation. Pour réduire cet effet, ces bons sont utilisés comme monnaie pour rembourser leurs achats.
Mais qu’est-ce qui gêne les émetteurs de ces tickets? En réalité, ils ont eux aussi leurs propres cycles d’exploitation et ne peuvent pas gérer un flux inattendu de tickets à rembourser. S’ils vont s’endetter auprès des banques pour régulariser les détenteurs de bons, leur marge va s’effriter sous le poids des charges financières.
Ce n’est pas la première fois que la sonnette d’alarme est tirée. Tout passe par le salarié qui doit trouver les moyens pour arrondir, non pas ses fins de mois, mais ses premières semaines.