En 2022, les sociétés cotées ont distribué 845 MTND à titre de dividendes, contre 745 MTND en 2021. C’est un montant acceptable au vu de la taille du marché dont la capitalisation tourne autour de 24 MdsTND. Cette croissance provient essentiellement des banques qui ont pu rémunérer leurs actionnaires pour les exercices 2020 et 2021, sous certaines conditions fixées par la Banque centrale.
Ce surplus ne sera pas au rendez-vous cette année, car il s’agit bien de rémunérer une seule année. Les établissements de crédit devraient faire attention à leurs fonds propres alors que le pays est, financièrement, dans l’œil du cyclone. Renforcer la solidité de l’industrie bancaire est une demande des bailleurs de fonds internationaux, surtout que le niveau des créances classées reste élevé. L’exposition au risque souverain s’est rapprochée d’un niveau critique qui mettra les banques à genoux en cas de défaut de paiement de l’Etat. Tout le contexte est favorable à des règles strictes dans la distribution de dividendes au titre de 2022. Nous pensons que la Banque centrale va, au moins, réitérer les conditions de l’année dernière en termes de ratios Tier I et de liquidité.
Pour les autres sociétés cotées, nous pensons que la structure du tour de table de chacune d’elles sera le facteur le plus déterminant dans la décision de distribution. Plus c’est familial, plus les dividendes sont élevés et stables, même s’il faudra passer par la case des réserves.
Les bénéfices affichés lors de la première moitié de l’année sont plutôt prometteurs. La hausse des taux d’intérêt et des prix des matières premières a causé la flambée des rubriques de charges pour la majorité des sociétés, mais l’inflation leur a permis d’engranger des revenus record. La majorité devraient garder le niveau de l’année dernière.
Dans ce contexte de problèmes d’accès au financement, nous pensons qu’il serait mieux de recourir à des versements sous forme d’actions plutôt qu’en numéraire. Les entreprises pourraient proposer le choix de recevoir des actions, ce qui revient à réinvestir le dividende en titres, ou en espèces. Les actionnaires de référence pourraient donner l’exemple pour inciter les détenteurs du flottant à suivre le pas et préserver la liquidité disponible pour l’exploitation.
Les investisseurs doivent prendre des positions dès aujourd’hui sur les titres les plus rémunérateurs, tout en tenant compte de ce que nous venons d’exposer. Le marché est actuellement fébrile, mais il montera en flèche si la Tunisie et le FMI annoncent qu’ils sont parvenus à un accord. Il faudra profiter de cette période de doute pour maximiser son rendement.