Six Fonds communs de placement à risque (FCPR) viennent de publier leurs états financiers pour l’exercice 2021. Il s’agit du FCPR Ciments de Bizerte, FCPR Groupe chimique tunisien CGT III et IV, FCPR INTECH, FCPR TAAHIL et FCPR Tunisia Aquaculture Fund.
Certes, il y a du retard dans ces publications. Cependant, cela peut être justifié par la difficulté de collecter et de valider toutes les données nécessaires auprès des sociétés dans lesquelles des fonds ont été injectés. Ces véhicules d’investissement nous donnent une idée sur la réalité de cette industrie, cruciale pour l’écosystème entrepreneurial tunisien.
Les chiffres agrégés montrent que le capital initial de ces fonds est de 41,830 MTND. Il y a en fait trois gros fonds: FCPR Tunisia Aquaculture Fund (18,750 MTND), FCPR INTECH (13,500 MTND) et FCPR TAAHIL (6,780 MTND). Les investissements en actions et valeurs assimilées ont totalisé 11,179 MTND (en net), dont 10,822 MTND par ces trois principaux fonds. Les placements monétaires sont de 7,317 MTND.
Ces véhicules ne sont pas encore rentables. Le résultat net global de l’exercice 2021 est de -0,523 MTND, creusant les résultats reportés à -4,738 MTND. Seul le FCPR Groupe chimique tunisien CGT IV est bénéficiaire de 2 057 TND. Cela doit être interprété en tenant compte du cycle de vie de ces fonds qui sont encore en phase d’investissement et qui n’ont pas réalisé de sorties. Il faut attendre encore trois à quatre années pour concrétiser les premières vraies plus-values et atteindre l’équilibre.
Mais cela n’empêche pas de signaler qu’il y a un problème sérieux dans l’industrie de croissance. Rares sont les startups ou les PME qui explosent surtout si elles opèrent sur le petit marché tunisien. Nous sommes très loin du modèle de la Silicon Valley: lever le plus de millions de dollars possible, grandir le plus vite possible, atteindre une masse critique afin d’entrer en Bourse ou bien être racheté.
A la tunisienne, c’est plus long, à l’image de l’ensemble de l’économie. Les jeunes entrepreneurs rêvent jour et nuit de lever de l’argent, mais ils ne parviennent généralement qu’à concrétiser de modestes sommes qui ne leur permettent pas de matérialiser leurs ambitions. En partie, cela est dû à des insuffisances côté planification stratégique et gestion financière qui rendent le parcours plus compliqué et font rater des opportunités.
A cela, il faudra ajouter les difficultés à réaliser des sorties, car le marché est étroit. Parfois, il faudra attendre longtemps pour trouver un repreneur. L’absence de cette dynamique est le plus grand handicap au développement de cette industrie. Il y a plusieurs entités qui font un excellent travail au profit des jeunes entreprises, mais ce maillon qui manque fait que l’argent reste bloqué dans une entité plus longtemps que prévu, privant d’autres d’en bénéficier et réduisant sa rentabilité. Trouver une solution à cette défaillance aura un effet positif sur l’écosystème d’accompagnement des startups.