La création d’emplois passe par la création d’entreprises, et cette dernière dépend du climat des affaires. En Tunisie, tous les maillons de cette chaîne affichent des faiblesses. Selon les statistiques de l’APII jusqu’à la fin du mois de novembre 2022, le nombre d’entreprises nouvelles créées dans le secteur industriel s’est établi à 2 088 contre 2 398 sur la même période en 2021, une baisse de 12,9%. Parmi elles, 712 sont totalement exportatrices.
Ces projets ont mobilisé des investissements de 1 075,5 MTND et devraient permettre la création de 23 289 emplois. L’employabilité moyenne par entreprise est de 11 employés. La création d’un poste de travail nécessite donc un investissement moyen de 46 181 TND.
Le secteur qui a créé le plus d’entreprises reste l’agroalimentaire, avec 646 nouvelles entités et 362,8 MTND d’investissements. Il devance le textile et l’habillement (452 entités pour 152,7 MTND) et les industries mécaniques et électriques (158 entités pour 270,2 MTND).
Quant aux investissements déclarés dans le cadre des projets autres que création (extension, renouvellement de matériel), ils ont atteint 1 096,3 MTND, une baisse de 7% en rythme annuel.
L’essentiel de ces créations sont réalisées dans le Grand Tunis, avec 523 entreprises. Sans surprise, Sfax et Sousse, avec respectivement 396 et 313 nouvelles créations complètent le podium. Ce trio contribue ainsi à hauteur de 45,3% de la dynamique économique de la Tunisie. A l’autre bout du spectre, il y a le Kef avec 11 créations, devançant Siliana (22) et Tataouine (23).
Ces chiffres résument le mal de la Tunisie. Ceux qui se lancent dans l’entreprenariat déterminent l’emplacement de leurs projets selon le potentiel de la demande et le pouvoir d’achat, deux éléments qui restent largement concentrés dans les grandes villes.
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi tout un écosystème relativement favorable au lancement des projets dans ces gouvernorats, avec les centres d’affaires et les structures d’appui. Tous les événements de networking se déroulent dans la capitale. L’administration est plus souple qu’à l’intérieur car les agents sont habitués à traiter les différentes problématiques liées à l’investissement.
Outre le renforcement du climat des affaires à l’intérieur du pays, il faut investir dans les infrastructures. L’amélioration des conditions de vie dans ces régions permettra également d’attirer une main d‘œuvre hautement qualifiée, même originaire de ces mêmes gouvernorats. Si une société est incapable de recruter des ingénieurs ou des cadres qui préfèrent le littoral, quel avenir pour ce pays ?
Plus le gap s’élargit entre ces gouvernorats, plus l’équation socio-économique se complique. Au lieu d’enchaîner les réunions et la création de comités qui ne servent à rien, qu’on libère l’initiative privée, déverrouille les monopoles publics et lance les PPP à grandes envergures. C’est beaucoup plus utile.