Le cycle économique désastreux que la Tunisie a débuté depuis 2010 est à étudier. Il faut en tirer les leçons pour ne plus commettre les erreurs qui ont, de facto, détruit une bonne partie de l’économie du pays. Le taux de survie des sociétés créées en 2010 peut aider à mieux comprendre l’évolution du tissu entrepreneurial sur cette période.
L’année 2010 a connu la création de 52 821 entreprises, desquelles il ne reste que 31 870 fin 2021. 40% des entreprises se sont évaporées entre-temps. Durant les trois premières années d’existence, 18% ont mis la clé sous la porte. Le rythme moyen de disparition des entreprises se normalise à partir de la quatrième année d’existence. C’est logique, car au-delà d’une telle durée d’exploitation, un équilibre peut être atteint. A noter que les pertes d’entreprises sont essentiellement observées parmi la population des patentés (21 660 fermetures entre 2010 et 2021).
L’année la plus meurtrière pour les sociétés est celle de 2018, durant laquelle 4 398 entités (parmi celles créées en 2010) ont disparu. Cette période coïncide avec la chute libre du dinar qui a coûté très cher à plusieurs entreprises. En revanche, la crise sanitaire n’a pas impacté gravement la population des sociétés. Entre 2019 et 2021, seules 1 000 entreprises ont disparu. Les mesures de soutien ont donc bien fonctionné et ont sauvé pas mal d’entités.
Par secteur, le commerce est le principal perdant, avec un taux de survie de 56,6%. Sur les 22 826 entreprises créées en 2010, seules 12 924 ont survécu. En particulier, le Commerce de détail (hors automobiles et motocycles) a connu la disparition de 8 409 sociétés. Dans les services, le Transport et Entreposage affiche un taux de survie de 52,8% seulement, avec 2 977 sociétés fermées. 69,4% des sociétés industrielles ont pu survivre alors que dans l’agriculture, 222 entreprises sur les 284 créées ont pu continuer leur exploitation jusqu’en 2021.
Géographiquement, la partie Est du pays a un taux de survie des entreprises créées en 2010 de 63,6% (26 450 entreprises survivantes) contre 48,1% à la région Ouest (5 420 créations rescapées). La différence en termes de rythme de création et de survie est tellement flagrante qu’elle montre tous les maux de la Tunisie.