Lorsque l’inflation est trop forte, et face à l’inefficacité des autres politiques de contrôle des prix, la BCT augmente son Taux directeur pour calmer le jeu. C’était le cas cette semaine et les critiques se sont multipliées, car un tel mouvement se répercutera sur l’ensemble de l’économie. Les prêts deviendront automatiquement plus chers, ce qui ralentit les investissements. Cela peut amener les entreprises à modifier ou à interrompre leurs plans de croissance.
Sur le marché boursier, des taux plus élevés peuvent inciter les investisseurs à vendre des actifs et à prendre des bénéfices – s’il y en a – en particulier dans des périodes comme aujourd’hui, où les risques ont atteint un pic. De telles décisions peuvent faire baisser les cours des actions, du moins individuellement, mais aussi des principaux secteurs du marché. Ces deux derniers jours, les banques ont bénéficié des bonnes perspectives de revenus et ont porté le Tunindex, mais cela devrait se calmer progressivement, surtout avec l’impact sur l’activité des autres sociétés non financières. Si nous analysons les tendances historiques, nous constatons que les dernières révisions à la hausse des taux ont coïncidé avec une appréciation du Tunindex de 8,7%, dont le tiers provient du secteur bancaire. En revanche, cela a été au détriment des volumes des échanges qui restent toujours modestes et qui affectent l’attractivité de la place.
De plus, si les taux d’intérêt augmentent suffisamment, les instruments d’épargne comme les comptes d’épargne classiques ou les certificats de dépôt pourraient commencer à être plus attrayants pour certains investisseurs conservateurs. Il y a donc le risque de voir l’argent quitter les organismes de placements collectifs vers les produits de banque. Lors du dernier cycle de hausse de taux, entre avril 2017 et mars 2020, les OPCVM ont perdu des actifs nets de 760 MTND. Les deux baisses consécutives du Taux directeur ont permis à ces véhicules de porter leurs actifs nets à 5 213 MTND, soit une collecte nette de 1 344 MTND.
Enfin, les valorisations sont automatiquement impactées par cette hausse de taux, car les taux d’actualisation seront plus élevés. Même pour les entreprises qui veulent s’introduire, le cash out espéré sera moins important. Du côté des émissions obligataires, les émetteurs devraient emprunter à des taux plus chers. Si une décollecte sera observée au niveau des OPCVM, le rythme des souscriptions baissera. Cela concerne également le prochain emprunt national. L’Etat sera obligé de réviser à la hausse son offre de taux pour espérer collecter de l’argent.
Bref, les investisseurs en Bourse n’ont jamais apprécié les cycles de hausse de taux, surtout dans un pays où règne l’esprit de rente.