Michel Amsalem, membre du New York Angels, a été l’invité de OST Global Immersion Week, du 1er au 5 mars.
Les cinq paliers de développement, la levée de fonds et la valeur de l’entreprise
Il divise les paliers de développement des startups en cinq étapes: pre-seed, seed, série A, série B, série C. A partir de la série A, Amsalem explique que 100% des startups levant des fonds à ce stage sont constituées en sociétés. Généralement, ce sont des SARL. Dans un tableau limpide, il explique les paliers de développement des startups avec les caractéristiques de chaque étape.
Le premier stade, pre-seed, correspond à la première et la deuxième année. L’idée du produit est développée, le prototype démarre et il y a des tests en early market. Les fonds proviennent de l’entourage, des incubateurs et des pre-seed funds. La levée de fonds va de 50 à 300 mille dollars et la valeur de l’entreprise atteint entre 1 et 3 millions de dollars.
Lors du stage seed, entre la deuxième et la troisième année, le prototype est finalisé. La production, limitée, s’accélère et il y a des tests à l’échelle sur le marché. Les fonds proviennent des angel investors, des seed funds et de certains strategic investors. La levée de fonds va de 400 mille dollars à 2 millions de dollars, pour une valeur estimée de 3 à 10 millions de dollars.
Ensuite vient la série A. A partir de cette série, 90% des entreprises sont des SARL. Entre la quatrième et la cinquième année, le marketing s’intensifie, la production est à plus large échelle et le management se professionnalise. Les fonds proviennent des venture funds, des angel investors et des investisseurs stratégiques. La levée va de 2 à 10 millions, pour une valeur de 10 à 40 millions.
Lors de la série B, la startup est à son avant-dernier stade. Le développement est complet, le marché mûrit de plus en plus, la part de marché s’élargit. Il est possible d’acquérir des add-ons, c’est-à-dire des actions supplémentaires. Cela a lieu entre la sixième et la huitième année. Les fonds proviennent des venture funds et des investisseurs stratégiques. Atteignant 10 à 30 millions de dollars, l’entreprise a une valeur de 40 à 100 millions de dollars.
Le stade final est la série C. La startup sort de son statut de startup, elle développe encore plus ses produits et ses parts de marché après 8 ans d’activité. Les fonds proviennent des venture capital funds tardifs, des equity funds privés et des investisseurs stratégiques. Les fonds s’élèvent à plus de 20 millions de dollars, et la valeur de l’entreprise dépasse les 100 millions de dollars.
Adapter ce modèle à l’Afrique, et plus particulièrement à la Tunisie
Après avoir développé le modèle américain, Michel Amsalem répond aux questions de l’audience concernant l’adaptation concrète de ce modèle aux startups présentes, et surtout à l’échelle africaine et tunisienne. Les montants des levées de fonds, et des valeurs des startups, sont très élevés par rapport à l’écosystème de la région, donc il faut considérer ces montants avec prudence. Il évoque la nécessité d’engager un directeur financier à partir de la série A.
Pour les business angels en Tunisie, ils apportent aux startups leur expertise, leur mentorat et leur réseau, en plus de l’aspect monétaire.
Midsummer Capital est un cas particulier. Avec la création aux USA de centaines de milliers d’entreprises par an, Midsummer Capital investit dans 12 à 15 entreprises par mois. L’année dernière, le bilan des investissements a atteint 80 millions de dollars. Il n’est pas que financier puisque des membres du fonds d’investissement mettent des représentants au conseil d’administration des startups où ils ont investi.
Amsalem affirme qu’il est important de travailler en coopération avec les fonds. “Nous ne sommes pas en compétition avec les autres fonds, ou avec les startups. Les fonds sont des relais. Le chemin à suivre pour la Tunisie n’est pas facile: certaines parties prenantes manquent, les lois doivent être assouplies pour être adaptées à un marché toujours en évolution”.
Le but des fonds d’investissement est d’avoir un retour sur investissement, même si ce n’est pas toujours l’objectif premier. C’est comme un pari, il y a du suspense sur la rentabilité du montant investi.
Aux startuppers présents, Amsalem donne plusieurs conseils pour présenter leurs startups aux fonds d’investissement. “Il faut laisser parler les membres de son équipe, avoir un produit marketable qui répond aux besoins d’un marché important, présenter un business plan clair et être patient. Tous ces éléments permettront d’évaluer correctement le montant des fonds à lever. Il ne faut ni sous-estimer ni surestimer le montant. Egalement, la patience est de mise. Il n’est pas possible de passer directement de pre-seed à série A. Mais une fois ce cap passé, il faut être régulier dans son effort, car chaque levée de fonds est un engagement envers les investisseurs. Il ne suffit pas de se reposer sur ses lauriers après la levée de fonds, mais il s’agit de réaliser les objectifs de son business plan et faire évoluer son CA, afin de progresser jusqu’à la levée de fonds suivante.
Les partenaires de cet événement sont nombreux: Columbia Engineering, Columbia Business School, ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Réseau 4C-Centres de carrière et de certification des compétences, U.S. Embassy Tunis, Africinvest, Columbia Global Centers I Tunis, Columbia Global Centers l Amman, Drosos Foundation, Flat6Labs Tunisia, Qudurate – قدرات , Happy Smala , Innov’i – EU4Innovation, Union européenne en Tunisie, Expertise France et The Dot.