Avec la suppression des droits de douane à l’import et à l’export sur 90% des produits depuis Janvier 2020, la Tunisie marque un grand pas dans la consolidation de son positionnement sur le marché africain mais a encore besoin de mieux négocier ses offres. Tel était l’objet d’un webinaire organisé aujourd’hui par la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Tunis (CCITunis) et le ministère du Commerce et du Développement des Exportations et au cours duquel les intervenants ont mis le point sur la nécessité de profiter au maximum du potentiel offert par le Contient en la matière.
C’est à travers les divers accords et échanges commerciaux, tel que le COMESA et la ZLECAf, signés avec les différents partenaires africains, que la Tunisie a réussi à réaliser un taux de 8,6% des échanges globaux avec l’Afrique. Ce continent qui représente un immense potentiel de développement économique ô combien bénéfique à l’économie tunisienne.
Faciliter l’accès au marché africain
« Conquérir le marché africain pour profiter des opportunités offertes par les partenaires africains doit être initié par la facilitation de l’accès des entreprises tunisiennes au marché africain. Souvent contraintes par une complexité sans précédent des procédures administratives, fiscales, financières et notamment douanières, ces entreprises, généralement exportatrices, doivent, en effet, figurer au cœur des stratégies nationales et des plans de développement adoptés par la Tunisie pour réussir à saisir ces opportunités », a intervenu Mounir Mouakhar, Président de la CCITunis.
Mouakhar a, dans le même contexte, souligné que certaines problématiques d’ordre administratif, fiscal, financier et autres, pénalisent aujourd’hui la compétitivité de l’entreprise tunisienne et son accès au marché africain d’où la nécessité de renforcer son positionnement et son rayonnement pour réussir à arracher des marchés ô combien importants pour l’économie tunisienne.
COMESA et ZLECAf : comment en profiter ?
Dans le même objectif du webinaire, est intervenu Chawki Jaballi, Conseiller des services publics, directeur de la coopération avec l’Afrique au ministère du Commerce et du Développement des Exportations, négociateur ZLECAf et coordinateur national COMESA.
Jaballi a, en effet, mis au clair les deux principaux accords signés par la Tunisie avec ses partenaires africains, en l’occurrence le COMESA (Marché Commun de l’Afrique orientale et australe) et la ZLECAf (Zone de Libre-échange continentale africaine) appelant les entreprises tunisiennes à bien négocier leurs offres afin de réussir l’intégration du marché africain.
Accès au marché africain : la stratégie du ministère
Dans l’objectif de vulgariser davantage les accords avec l’Afrique, le ministère tunisien du Commerce et du Développement des Exportations a adopté, selon M. Jaballi, une stratégie bien élaborée qui facilite davantage l’accès des entreprises tunisiennes au marché africain, et ce, via les deux principaux accords, le COMESA et la ZLECAf.
Le COMESA et l’élimination des droits de douane
Le premier accord, le Marché Commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) regroupant 21 pays africains, a permis de classer la Tunisie au 6ème rang avec 5% du PIB du COMESA. La demande d’adhésion de la Tunisie est passée par cinq étapes: en janvier 2016, la demande d’adhésion, en juillet 2018, la signature de l’accord d’adhésion, la ratification de l’accord d’adhésion en avril 2019, le dépôt de l’instrument de ratification en juin 2019 et la dernière étape consiste en l’entrée en vigueur de la ZLE, et ce en janvier 2020, date de prise de décision de la Tunisie d’éliminer tous les droits de douane appliqués à ses importations en provenance des pays membres du COMESA, sous réserve du principe de réciprocité. Une décision qui traduit le règlement du COMESA qui prévoit un mécanisme pour l’identification, la catégorisation et l’élimination des obstacles non tarifaires dans la région du COMESA.
La ZLECAf, quelles opportunités à saisir ?
Le deuxième accord, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) comprend, quant à lui, des protocoles sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les règles et procédures pour le règlement des différends, l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et le commerce électronique.
Ce projet a, en effet, pour objectif d’accomplir un développement inclusif et durable du continent africain au cours des 50 prochaines années en fournissant aux Etats membres des accords avantageux couvrant les protocoles sus-cités. Dans ce même cadre, la Tunisie profitera des modalités de libéralisation tarifaire progressive qui peut s’étendre jusqu’à 10 ans, encore faut-il qu’elle prépare la bonne offre tarifaire.
Avec plus de 115 000 lignes tarifaires et 350 produits exclus, la question qui se pose ainsi, selon le directeur de la coopération avec l’Afrique au ministère du Commerce et du Développement des Exportations, est : Qu’est-ce que la Tunisie veut offrir aux pays membres de la ZLECAf pour accéder à son marché ?
Avec quelle stratégie de communication ?
Faciliter l’accès des entreprises tunisiennes au marché africain a suscité, outre la mise en place d’une stratégie de communication bien élaborée, la coopération avec des institutions internationales telle que la GIZ pour le projet PEMA (Promotion des Activités créatrices d’emploi vers de nouveaux marchés de l’Afrique Subsaharienne), la participation au Projet d’appui à l’Union Africaine pour la mise en œuvre de la ZLECAf ainsi que la Stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf.
Quant à la stratégie de communication mise en place par le gouvernement dans le but de faciliter l’accès des entreprises tunisiennes au marché africain, elle consiste au lancement d’un portail d’information centralisé sur les accords commerciaux avec l’Afrique et toutes les actualités qui s’y rapportent et d’une application mobile qui vise à améliorer la coordination interne et la participation des représentants du secteur privé. Des ateliers régionaux de sensibilisation figuraient notamment dans la même stratégie de communication créé par le ministère du Commerce et du Développement des Exportations visant à renforcer les chances des entreprises tunisiennes dans leur aventure africaine et à mieux se positionner sur le marché africain.