1300 km de côtes, et de grands projets de stratégie nationale pour la mer et le littoral. À leur tête, Asma Shiri. Elle occupe depuis décembre 2020 la fonction de Secrétaire général des affaires maritimes attachée au secrétariat du gouvernement. Qu’en est-il de ce secrétariat ? Quelles sont ses activités ? Interview.
Pourriez-vous présenter ce nouveau secrétariat des affaires maritimes ?
Le rôle du secrétariat est d’assurer la promotion et la sauvegarde de la biodiversité, la protection du milieu marin contre la pollution et la protection de la richesse des ressources marines. Nous sommes appelés, en tant que secrétariat général, à assurer la coordination entre les différents intervenants en mer pour pouvoir régler les problèmes liés au milieu marin.
Le secrétariat général des affaires maritimes vient d’être créé en février 2019 par décret gouvernemental. Il en résulte une commission ministérielle et un secrétariat général des affaires maritimes au secrétariat du gouvernement. Il y a aussi le rôle de la révision du cadre législatif réglementaire qui concerne le domaine maritime pour assurer une cohérence et une conformité avec les engagements de la Tunisie sur le plan international.
Le secrétariat cumule le rôle de gérant de la cohérence des textes juridiques entre tous les intervenants et de surveillant de la cohésion des projets en rapport avec les engagements internationaux.
Une autre mission concerne l’élaboration des études, des recherches sur le secteur maritime, l’information, les activités liées à la mer, et ce, en concertation avec les différentes parties intervenantes.
Quelles ont été les activités déjà réalisées du secrétariat ?
Le secrétariat général a été mis en place depuis décembre 2020. Nous avons 5 mois d’exercice. Nous avons entamé tout d’abord le processus d’élaboration d’une stratégie nationale pour la mer et le littoral. La Tunisie est dans une situation paradoxale : la Tunisie est un pays côtier mais qui ne dispose pas d’une stratégie nationale propre à la mer et au littoral. Nous avons des stratégies sectorielles multiples à chaque domaine d’activité mais nous manquons d’une vision globale, nationale, qui assure la cohérence entre ses stratégies, qui fixe les priorités.
L’une des missions abordées sont des travaux avec un comité de pilotage. Le travail a été lancé pour fixer, tracer, définir la vision globale de la Tunisie dans son domaine maritime et arrêter les priorités.
Durant ces cinq mois, nous avons commencé à travailler sur les questions qui revêtent une urgence par rapport à l’aspect environnemental, à travers le suivi de certains dossiers avec le ministère de l’Environnement et aussi de l’Agriculture et du Transport. Cela concerne essentiellement des questions liées à la gestion du littoral, à la lutte contre la pollution par le plastique, aussi la pollution liée aux ports, que ce soit des ports de commerce, de pêche, ou de plaisance.
Il y a aussi le volet formation sur lequel nous avons commencé à travailler. Le domaine maritime nécessite une formation particulière, pointue sur des aspects qui concernent le droit de la mer. Malheureusement, c’est une discipline qui ne rentre pas actuellement dans les priorités au niveau académique. C’est pour cela que nous avons entamé avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique un travail qui vise à mettre en place des masters professionnels et de recherche liés au droit de la mer. Nous avons aussi bâti une coopération avec l’école de magistrature pour concevoir des formations en droit de la mer et droit maritime.
Nous comptons d’ici la fin de l’année pouvoir avancer sur la finalisation de l’élaboration de la stratégie nationale pour la mer et le littoral.
Comment gérer la pollution marine ?
Il faut signaler que les sources de la pollution marine sont multiples. Les premières causes sont le plastique, mais aussi les eaux usées déversées dans le bassin marin. Il y a un travail énorme à mettre en place avec les intervenants : ONAS, APAL, collectivités locales, autorités régionales, ministères de l’Agriculture et de l’Environnement. D’ailleurs, un effort important a été déployé au niveau de certaines stations de traitement des eaux usées pour passer au traitement tertiaire qui réduisent les sources de pollution. Au niveau du plastique, des initiatives ont été prises par le ministère de l’Environnement et avec les ONG en associant les associations tunisiennes qui sont très actives sur cet aspect-là. Il y a eu des actions qui ont été menées au niveau de l’île de Kerkennah et au niveau de l’île de Djerba.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, la Banque mondiale a publié un statut Facebook où elle évoque des projets mis en place en Tunisie pour la protection de la mer. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Il y a un projet en cours avec la Banque mondiale qui concerne une étude sur l’économie bleue. C’est un secteur sur lequel nous travaillons au sein du secrétariat général et qui fera partie de la stratégie nationale pour la mer et le littoral. Il s’agit d’une étude pour élaborer une feuille de route avec un diagnostic sur les secteurs qui peuvent faire partie d’une stratégie et d’une vision pour l’économie bleue. Nous sommes en train de suivre ce projet avec le ministère de l’Environnement.