L’innovation verte, également connue sous le nom d’éco-innovation, est le moteur de tout développement durable. Elle est devenue un objectif majeur des politiques publiques de plusieurs pays industrialisés.
L’Éco-innovation s’impose en tant que modèle viable face aux défis écologiques (épuisement des ressources naturelles, changements climatiques, pandémies…), mais aussi socio-économiques, chômage, pauvreté, inégalités, …
La crise causée par la pandémie de Covid-19 a stimulé la réflexion autour de modèles économiques prônant un équilibre entre bien-être économique et social et exigences écologiques. Nous remarquons par exemple un regain d’intérêt envers les concepts de l’économie circulaire ou encore des premières mises en application des principes de “l’économie de beignet” (Doughnut Economy) dans des pays comme la Belgique et les Pays- Bas. En effet, la théorie de “donut” est une approche économique qui se veut une alternative à la traditionnelle économie capitaliste dont la croissance est mesurée uniquement par le PIB, les agents économiques sont rationnels et le capital financier est au cœur de toute activité économique. Popularisée par la chercheuse d’Oxford University Kate Raworth, en 2012, l’économie de donut prône un modèle de développement qui assure la satisfaction des besoins humains dans les limites des capacités de la planète. L’innovation verte joue un rôle central dans le succès de ces concepts et modèles économiques alternatifs.
Qu’est-ce qu’une innovation verte ?
Selon l’OCDE, “l’Innovation verte est toute innovation qui favorise le développement économique et humain en s’assurant que les ressources naturelles continuent de produire ce dont nous avons besoin pour notre bien-être”. L’innovation verte couvre tous les domaines économiques, sociaux, culturels, environnementaux, technologiques…
De l’agriculture (fermes urbaines, hydroponie, aquaponie, permaculture, smart irrigation, circuits courts, innovation rurale..), énergie renouvelable, transport (co-voiturage,…), logement (partage, swapping…), alimentation (lutte contre le gaspillage alimentaire…), industrie (recycling, upcycling..) à l’environnement (gestion des déchets, lutte contre l’érosion,…), construction (smart cities…), tourisme, etc.
Pour soutenir la transition vers un développement durable à travers l’innovation, il est primordial de mettre en place des structures d’accompagnement et de financement au profit des porteurs d’initiatives et de projets Éco-innovants (nouveaux projets, entreprises, startups, associations..). Ce genre de structures dédiées propulsera l’entrepreneuriat innovant et garantira non seulement la transition économique mais surtout la création d’une richesse durable, équitable et inclusive.
Une Green Bank en Tunisie ? Pourquoi pas
En Tunisie, des dizaines d’initiatives innovantes naissent chaque jour et sont toujours en attente de financement pour se transformer en solutions réelles. Une Green Bank avec des branches régionales offrant une panoplie de services de financement et d’accompagnement tels que les fab labs, les accélérateurs,… permettrait le développement de Startups innovantes et de petits projets individuels et aiderait à tacler le chômage et les inégalités régionales et sociales.
Nous disposons d’une infrastructure favorable à l’innovation. Le “Startup Act” est un cadre réglementaire reconnu parmi les plus avancés au monde, une loi pour l’Économie sociale et solidaire (ESS) ainsi qu’un cadre pour l’auto-entrepreneuriat. Nos pôles technologiques et nos pépinières d’entreprises font du bon travail malgré le manque de ressources. Nous disposons d’un tissu associatif dynamique avec des associations très engagées sur le plan écologique, économique et social.
Il est nécessaire aujourd’hui de tirer profit de ces atouts pour déclencher la transition de notre économie vers un modèle durable, équitable et inclusif.
La Tunisie est classée parmi les 60 premières économies les plus innovantes au monde selon Bloomberg Innovation Index-édition 2021. Ce classement est honorable même si nous avons légèrement reculé par rapport à la précédente édition. Nous pouvons faire beaucoup mieux si nous faisons de l’innovation une stratégie nationale.
L’histoire a montré que les pandémies offrent aux peuples une opportunité pour se transformer, pour revoir leurs pratiques, pour questionner leurs modes et leurs modèles. Ceux qui la saisissent se trouveront plus forts et passeront au New Normal avec sérénité. Ceux qui la ratent resteront toujours dans les pandémies.