Pour Kant, l’intention vaut l’action. Toutefois, pour nos résolutions du nouvel an, ceci est loin d’être le cas. Nous continuons à prendre de bonnes résolutions chaque nouvelle année, en dépit du fait que, statistiquement, près de 90 % d’entre elles ne se réalisent pas. Comment alors transformer les bonnes résolutions en de vraies réalisations ? Réponses des experts.
Se fixer des résolutions fait désormais partie intégrante du rituel du nouvel an pour bon nombre de personnes en quête d’améliorer leur bien-être personnel et/ou atteindre de nouveaux objectifs professionnels.
Les résolutions du nouvel an : top ou flop ?
Pourtant, leur utilité ne fait pas l’unanimité. Pour Tim Ferriss, le célèbre auteur du “4-Hour Work Week”, se fixer des résolutions est tout juste “une perte de temps”. Amina Ellouze, CEO de Waves Coaching, estime, quant à elle, que prendre des résolutions peut être bénéfique … à condition qu’elles respectent certains critères ! Selon elle, il faut que ces objectifs du nouvel an soient “bienveillants pour soi, cohérents avec ce qui est réellement important pour nous dans la vie”. Même son de cloche chez Sana Barhoumi Bennour, consultante en Ressources Humaines. “Prendre des résolutions est signe d’une prise de conscience vis-à-vis d’un comportement à changer et d’une volonté de s’améliorer”, affirme-t-elle au Manager. Ceci dit, prendre des résolutions peut, parfois, avoir des effets négatifs même si les objectifs fixés sont de prime abord bénéfiques. “Échouer à réaliser ses objectifs pour l’année nuit à l’estime de soi et à la motivation”, prévient Bennour. Pour éviter cela, il est important de bien choisir ses résolutions pour qu’elles émanent d’une réelle volonté de changer. “Évitez de prendre des résolutions pour faire plaisir aux autres”, recommande l’experte.
Qu’est-ce qu’une bonne résolution ?
Bien choisir ses résolutions est à la fois une science et un art. Dans l’absolu, une résolution ne peut être bonne ou mauvaise : ceci dépend exclusivement de la personne concernée. Ceci dit, un ensemble de critères permet de guider nos choix. Une bonne résolution doit d’abord prendre en considération les ressources à disposition et les obstacles présents dans l’environnement. Ceci permet de mettre en place un plan d’action réaliste et des stratégies pour contourner les obstacles, explique Bennour. Une résolution réalisable est aussi une résolution mesurable et limitée dans le temps. Au lieu de “maigrir”, une bonne résolution serait de “perdre X kilos dans Y mois”. Pour qu’une résolution soit concrétisable, il faut aussi qu’on ait le contrôle sur l’objectif à atteindre. Au lieu de dire “je veux que mes collaborateurs soient plus motivés”, par exemple, il serait plus raisonnable plutôt de se fixer comme objectif de “créer un environnement favorable pour les collaborateurs afin qu’ils soient plus motivés”.
Pourquoi nos résolutions tombent souvent dans l’eau ?
Même si les résolutions répondent à tous ces critères, leur transformation en réalité reste loin d’être facile. Pour ce faire, la motivation joue un rôle très important. Elle est le moteur qui va nous pousser à continuer d’avancer face aux obstacles. Mais que faire en l’absence de la motivation, quand tout ne va pas bien, par exemple ? “Cherchez en quoi il est important pour vous de vous engager à réaliser cette résolution !”, recommande Amina Ellouze. En d’autres termes : ayez en tête les conséquences de l’échec, et l’impact de la réussite. Mais la motivation, seule, ne suffit pas pour transformer vos plans en réalité. Compter sur la motivation pour faire du sport chaque jour est certainement un plan qui va échouer. Que faire ? Ellouz recommande d’installer de bonnes habitudes et de faire de la résolution une partie intégrante de son rythme quotidien. Seul hic : il n’est pas facile de s’imprégner de nouvelles habitudes. L’astuce de l’experte : installer la nouvelle habitude à la place d’une ancienne déjà ancrée et que vous voulez vous en débarrasser.
Concrétiser ses résolutions : les recommandations
Pour les deux expertes, il est nécessaire de prendre le temps de noter sur papier, et non pas sur une application ses résolutions. Selon elles, c’est une étape cruciale dans la réussite de la réalisation des résolutions de l’année. Il faut, aussi, mesurer l’état actuel et se fixer l’objectif à atteindre. Commencer est certainement la phase la plus difficile. Pour surmonter ce premier challenge, il serait utile de hiérarchiser les résolutions par ordre de priorité. Ceci vous permet d’avoir une idée par quoi commencer, explique Sana Barhoumi Bennour. L’experte recommande, ensuite, de fragmenter les résolutions en sous-objectifs avec des résultats intermédiaires hebdomadaires, voire journaliers. Un entrepreneur qui souhaite améliorer sa capacité à déléguer peut commencer par identifier trois tâches à déléguer et les personnes qui s’en chargeront. Le nombre de tâches déléguées peut, par la suite, monter crescendo en fonction de l’évolution de la relation de confiance.
Subdiviser les résolutions peut aussi être utile pour détecter celles qu’il faut revisiter et adapter à la réalité si elles sont sous- ou sur-réalistes. “Ceci nous évite de perdre une année pour découvrir qu’une résolution n’était pas la bonne”, souligne Bennour. L’experte recommande aussi de laisser de la marge pour les imprévus : “Je recommande de planifier 60% de son temps, de réserver 20% à sa vie sociale, et de laisser 20% pour les imprévus”. Une fois l’année écoulée, et avant de se fixer les résolutions de l’année prochaine, il faut prendre le temps de faire le bilan de l’an passé. Ceci est un exercice fort utile car il permet de détecter les dysfonctionnements et leurs sources. “Si nous sommes à l’origine de la non-réalisation d’une résolution, il faut assumer toute la responsabilité”, souligne Bennour. “Ceci peut générer des enseignements intéressants pour les résolutions de l’année suivante”. Si, en revanche, des facteurs externes sont en cause, il serait bénéfique d’en tenir compte pour les années à venir.