« Aujourd’hui, nous travaillons activement avec le gouvernement sur le Plan stratégique 2020-2025, sur le Code numérique et sur diverses initiatives comme la Sand Box… mais nous travaillons également de manière active à assurer la transformation digitale. Il faut dire que le rythme est encore lent et nous devons donc en priorité identifier les facteurs qui ont entraîné cette lenteur, voire ce blocage. Nous sommes convaincus qu’il s’agit avant tout d’un manque de gouvernance qu’il faut absolument améliorer et le ministère des TIC est sur la même longueur d’ondes », atteste, de manière nuancée, Kaïs Sellami, président de la Fédération du numérique et membre du BE de l’UTICA.
S’éveiller aux innovations du voisinage immédiat
Sellami ne s’en prend à personne mais, entre les lignes, on se rend vite compte qu’il regarde le secteur privé avec un œil ouvertement critique : « Notre Fédération, en tant qu’organe de l’UTICA, joue son rôle en lançant une initiative avec l’Association Tunisia Startup qui consiste à mettre en relation deux mondes : celui des entreprises classiques et celui des entreprises innovantes et des Startups. Ces deux mondes doivent se rencontrer pour faire usage de cette transformation. »
Des regrets manifestes à cause des retards observés par le plus grand nombre d’entreprises tunisiennes en matière digitale. Sellami justifie son appel à ce qu’il appelle les deux mondes : « L’objectif est de veiller à ce que les entreprises soient éveillées, attentives aux innovations qui se trouvent juste dans leur voisinage en Tunisie même pour rehausser leur développement, rentabilité, accès au marché. De l’autre côté, les entreprises technologiques vont constater l’intérêt de l’écosystème à leur égard. Et dorénavant, nous organiserons chaque mois une rencontre sectorielle pour examiner les possibilités pour ces deux mondes de l’entreprise. »
La nouvelle gouvernance du numérique, telle que conçue par Sellami, concerne le lancement et la réalisation de projets de digitalisation, un concept basé sur Tech4Tunisia et qui sera mis sur la table lors du prochain Conseil stratégique qui devrait se tenir au mois de novembre. Ceci côté public.
Quant au côté secteur privé, le président de la Fédération du numérique avertit que les PME, les grands groupes ou les petites entreprises qui opèrent dans l’industrie, le commerce, l’agriculture, la santé, le transport, le tourisme, la finance ; sont toutes sans exception concernées par la transformation digitale.
Des idées digitales très simples, agiles et rapides
Tous ces avertissements ne veulent pas dire, pour autant, que l’écosystème du numérique en Tunisie est sans profondeur. Loin de là, qu’il s’agisse d’entreprises de petite taille, de PME ou de Startups, celles-ci disposent d’une capacité et d’un savoir-faire extraordinaires avec des compétences de haute tenue capables de travailler sur toutes sortes de projets pour la transformation digitale du pays. Ces entreprises l’ont démontré à l’échelle internationale en Afrique, en Europe et ailleurs et nous devons en être fiers.
« Depuis les dernières années, le secteur privé s’est impliqué très activement, il s’est distingué en se montrant co-acteur, co-auteur en compagnie de tous les gouvernements qui se sont succédé dans pratiquement toutes les initiatives réalisées dans ce sens. Un rôle salué par divers pays en Afrique et en Europe. C’est dans cette dynamique que la Fédération du numérique a initié le Conseil stratégique du numérique ainsi que le principe du partenariat public-privé dans la mise en place de la stratégie Tunisie digitale depuis 2012-2013 », ajoute-t-il.
Il cite les dernières initiatives en date lancées en pleine crise Covid-19 avec le gouvernement et la société civile, où tous ont travaillé ensemble pour véhiculer en tout 200 initiatives de plateformes digitales qui concernent la santé, les affaires sociales, l’éducation, la finance… qui ont bénéficié au SAMU, à l’Observatoire de la santé, au référencement des personnes nécessiteuses, au niveau de l’enseignement en ligne, dans le domaine du mobile Payment… « Ce sont des expériences vécues, des idées digitales très simples, agiles et rapides, qui ont démontré que le digital était capable de fleurir et de faciliter la vie aux Tunisiens », conclut-il.