Un peu partout dans le monde, le confinement sanitaire a favorisé l’émergence et le développement de nouveaux modes de consommation et d’approvisionnement en produits alimentaires. Face aux difficultés de s’approvisionner en produits frais (fruits et légumes, viandes, poissons, produits laitiers…), les consommateurs se sont tournés vers les circuits courts : acheter directement auprès des agriculteurs. Cette nouvelle “ancienne” modalité de consommation a été facilitée par les plateformes numériques et les applications téléphoniques.
Des concepts comme “à la source”, du “producteur au consommateur” ou encore from “farm to table” connaissent un engouement sans précédent. Dans certains cas, des systèmes d’abonnement ont été mis en place par lesquels les clients reçoivent un panier de produits alimentaires livrés régulièrement par les agriculteurs à des prix fixés à l’avance.
Les vertus de ces achats directs sont nombreuses. Le client accède à un large choix de produits provenant de différentes exploitations agricoles locales. Les produits sont biologiques et cultivés localement en respectant les normes de la permaculture.
Le circuit court élimine les intermédiaires et les spéculateurs. Les prix proposés par les agriculteurs sont donc très convenables. Il s’agit d’un véritable système gagnant-gagnant.
En outre, l’achat direct aide les agriculteurs à développer leur activité, offre de la liquidité aux petits exploitants, favorise l’installation de nouveaux agriculteurs et surtout encourage l’agriculture biologique et responsable.
Aux Etats-Unis, le Community-Supported Agriculture (CSA) est à la fois un système de consommation et un modèle d’agriculture. Le CSA met en relation les consommateurs et les petits agriculteurs locaux. En payant un abonnement annuel, les habitants d’une localité auront droit à une quantité de produits alimentaires de saison livrée régulièrement par les agriculteurs locaux.
Le CSA est un modèle basé sur les principes de “l’agriculture civique” dont la finalité est de satisfaire les besoins des consommateurs tout en assurant le développement économique et social de la communauté locale. Ce système d’agriculture solidaire, mis en place depuis plusieurs années, a fait ses preuves : création d’emplois à travers les coopératives locales, de nombreuses micro-fermes ont vu le jour, le développement d’un tissu socio-économique local…etc.
Devenir “agriculteur associé”
Le concept que j’essaie d’introduire ici consiste en la création de sociétés d’agriculture de groupe à travers lesquelles les consommateurs cultivent leurs propres fruits et légumes en vue de leur consommation personnelle. En choisissant le type d’exploitations, les méthodes d’exploitation ainsi que les produits à cultiver, les consommateurs reprennent le contrôle sur ce qu’ils mangent, quand et à quel prix.
Pour faire simple, chaque consommateur investit une somme d’argent en fonction de sa capacité dans une société foncière agricole. Cet “abonnement” lui permet de devenir propriétaire d’une part de l’exploitation agricole. La société foncière agricole, dont le capital est constitué par un groupe de consommateurs, aura pour mission la cultivation des terrains agricoles (achetés ou loués) selon les normes de l’agriculture biologique.
En devenant “agriculteurs associés”, les consommateurs se partagent la production agricole sous forme de paniers en produits de saison. L’excédent de production sera commercialisé et les profits dégagés seront distribués aux associés consommateurs en fonction de leurs parts dans la société.
Les associés agricoles peuvent visiter ou passer un week-end en famille dans les fermes et les exploitations gérées par la société.
Ce modèle de “consommation civique” encourage une agriculture biologique et durable. Il garantit aussi des approvisionnements en produits alimentaires moins chers et sains sur toute l’année.
La Covid a fait prendre conscience de l’importance des modèles agricoles responsables et solidaires.
La combinaison de ces modèles avec des modalités de consommation basées sur les principes d’achats collectifs, d’achat en circuit court et de la consommation écologique permettrait à la fois l’accès à une alimentation saine et abordable, et le développement d’une économie responsable et durable.