La conférence de presse a été organisée en présence de Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Anouar Maârouf, ministre des Technologies de la Communication et de l’Economie Numérique, Habib Ben Hadj Kouider, Président de l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers (APTBEF) et Onur Ozlu, Senior Economist au sein de la Banque Mondiale (BM).
Les technologies sont en évolution rapide selon le Gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi, qui affirme que s’y adapter constitue une obligation. Le lancement de la Sandbox Réglementaire souligne la prise de conscience de ce fait. Il faut, poursuit-il, comprendre ces technologies, et ce pour pouvoir changer le cadre réglementaire par la suite.
Flexibilité : une condition sine qua non pour retenir les investisseurs en Tunisie
« La Sandbox permet de discuter avec les entreprises innovantes et de les placer dans l’enceinte de la BCT », a-t-il ajouté. L’objectif, à travers le lancement de la Sandbox Réglementaire, est de se placer sur la même longueur d’ondes avec les investisseurs. Il s’agit, aussi, de changer le cadre réglementaire selon Marouane El Abassi qui assure que c’est en collaborant avec les entreprises qu’il sera possible d’atteindre ses objectifs.
D’autre part, le gouverneur de la BCT a souligné l’importance de stimuler l’innovation, tout en tenant compte de la réglementaire, et ce à travers l’adoption d’une approche dialectique. « L’innovation doit être stimulée, mais dans l’optique d’un cadre réglementaire. Ce dernier est difficile à changer et il faut savoir que cela ne dépend pas de la BCT. Pour le changer, il faut se concerter avec les pouvoirs publics », a-t-il expliqué.
Dans ce même contexte, Marouane El Abassi rappelle que les investisseurs risquent d’aller voir ailleurs si les conditions nécessaires ne sont pas réunies en Tunisie pour instaurer la Fintech. « Avec l’arrivée du prochain gouvernement, nous espérons que l’économie du savoir va encore se développer », a-t-il dit.
Sandbox, l’une des clés de “l’innovation financière”
Au sujet de la Sandbox et de la Fintech, le Gouvernement de la BCT a assuré que les équipes de l’Institution d’Émission ont coopéré avec d’autres experts à l’étranger afin d’en savoir plus sur les différents écosystèmes. « Nous comprenons mieux la Fintech désormais. Il faut, ainsi, instaurer une synergie entre l’innovation et la réglementation, et ceci ne peut être accompli que dans le cadre de la Sandbox. Nous avons une obligation de résultats », a-t-il encore ajouté.
Qu’en est-il, d’autre part, du rôle des banques commerciales ? Selon le Gouverneur, elles sont en train d’innover dans le domaine du paiement digital et du cash less. La logique de digitalisation est en marche. Cependant, le système bancaire, selon El Abassi, comprend trop de banques, « peut-être plus qu’il n’en faut ». « En 2020/2021, le système bancaire devrait sans doute changer et ce changement est nécessaire. Il va, dans les prochaines années, s’inscrire dans la logique de l’économie du savoir. C’est un train qu’il ne faut pas manquer. Dans le passé, nous avons raté plusieurs occasions dont nous n’avons pas forcément profitées. Il est temps d’en profiter et d’opérer un changement radical au niveau du système bancaire », a encore déclaré Marouane El Abassi.
Néanmoins, il a rappelé qu’il existe encore des exclus du système bancaire. De fait, selon El Abassi, 50% des tunisiens ne composent pas directement avec les banques. “Certains citoyens se limitent à retirer leurs salaires des banques à chaque fin du mois, et sans plus”, a-t-il regretté, affirmant qu’il est important de faciliter l’accès aux services bancaires et d’alléger la bureaucratie.