L’année 2019 est sur le point de s’achever. Sur le plan économique, l’économie nationale s’est plutôt bien portée au niveau de certains indicateurs. Nous avons assisté à une reprise exceptionnelle du secteur touristique – des recettes avoisinant les 5,4 milliards de dinars jusqu’au 20 décembre 2019 – et une production de phosphates à la hausse. Il reste, néanmoins, de sérieux bémols, à l’instar du taux de chômage – 15,3% -, la timide croissance économique – 1,1% – et bien d’autres.
Dans sa récente analyse, la BIAT a dressé son bilan de la situation. La banque a braqué son projecteur sur la conjoncture internationale et nationale.
Une économie mondiale impactée par les tensions politiques
Au niveau mondial, la BIAT met en exergue les signes de fragilité de l’économie, impactée notamment par les tensions politiques et économiques attisées par la crise entre les Etats-Unis et la Chine et le Brexit. La Zone Euro, dans ce même contexte, a connu un ralentissement, et ce, à cause de la crise économique et politique que traverse actuellement l’Italie. L’Allemagne, pourtant leader du Vieux Continent, n’a pas échappé à cette tendance : sa croissance a baissé selon la BIAT qui évoque, dans cette optique, la possibilité d’une récession mondiale en 2020-2021.
Face à cette situation, les Banques Centrales seront contraintes de recourir à des instruments de politique monétaire de relance. C’est d’ailleurs le cas de la Réserve Fédérale Américaine (FED). La BIAT a rappelé que l’institution d’émission a fait baisser le taux directeur à 2 reprises de 25 points de base en juillet 2019 et en septembre 2019. Idem pour la Banque Centrale Européenne (BCE) : baisse de 10 points de base en septembre 2019 et adoption d’un assouplissement monétaire à hauteur de 20 milliards d’euros, qui a été opérationnel depuis le 1er novembre 2019.
Tunisie : un secteur industriel en berne
Qu’en est-il de la Tunisie ? Pour la BIAT, plusieurs bémols sont à souligner. Il y a, tout d’abord, la faible croissance économique des 9 premiers mois de l’année – 1,1% -. La banque met aussi l’accent sur le ralentissement de l’activité industrielle au second trimestre de 2019. Cette tendance baissière touche les industries manufacturières (-0,8% au second trimestre contre -0,9% au premier) et non-manufacturières (-2.6% au second trimestre contre 0,7% au premier trimestre). Il y a eu, néanmoins, une amélioration au niveau de la production agricole – +2,8% au second trimestre -, et ce grâce à la hausse de la production céréalière.
Au niveau des indicateurs macro-économiques, la BIAT a salué la baisse du déficit des paiements courants qui a atteint 5,7% du PIB en juillet 2019 contre 6,1% en juillet 2018. La banque note également la hausse des réserves en devises de la Tunisie qui ont atteint les 107 jours d’importation au 26 décembre 2019. Idem pour le cours du dinar qui s’est amélioré face à au dollar et à l’euro. Le taux de change a, en effet, respectivement baissé de 5 et de 7% depuis août 2019.
Un bilan microéconomique mitigé
D’autre part, sur le plan microéconomique, la BIAT a noté la baisse de l’inflation qui a atteint une moyenne de 6,9% au cours des 8 premiers mois de l’année. En ce qui concerne la politique monétaire de la Tunisie, la banque rappelle que le taux d’intérêt directeur a été revu à la hausse à 3 reprises depuis 2018. Il a été maintenu inchangé à 7,75% selon le dernier Conseil d’Administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Dans ce même contexte, l’institution d’émission a adopté une politique de resserrement monétaire qui comprend des mesures restrictives :
- Ratio crédits sur dépôts plafonnés à 120% en novembre 2019
- Quotité fixé à 40% sous forme de titres publics négociables à 60% en créances bancaires pour la contrepartie du refinancement (octobre 2018)
Au niveau de la liquidité, la BIAT est revenue sur la baisse du volume global de refinancement durant les 8 premiers mois de 2019. Elle l’explique par le gap positif des ventes/achats de devises par les banques, ainsi que par la baisse des émissions/souscriptions de BTA (Bons de Trésors Assimilables). D’un autre côté, selon la BIAT, les BMC (Billets et Monnaies en Circulation) constituent un autre facteur d’autonomie qui agit sur la liquidité. Ils ont eu un effet restrictif relatif : +9,5% en glissement annuel à la fin du mois d’août 2019.
Système bancaire : baisse de l’octroi des crédits
D’autre part, la BIAT a constaté une nette décélération du rythme d’évolution des crédits – pour les professionnels / entreprises et pour les particuliers : un ratio prudentiel crédits/dépôts inférieur ou égal à 120%. Dans cette même optique, la croissance globale des dépôts a été inférieure à l’évolution observée en 2018. Selon la BIAT, cette tendance s’explique par les contraintes au niveau de la distribution des crédits.
Enfin, concernant les finances publiques, la BIAT affirme qu’il sera difficile pour l’Etat d’atteindre l’objectif d’un déficit budgétaire à 3,9% du PIB, et ce en raison de la révision à la baisse de la croissance économique en 2019.