Le doux murmure de la brise automnale, la bonne humeur et la créativité ont marqué la soirée du mercredi 23 octobre 2019 au coeur de la Médina de Tunis. C’était l’occasion d’inaugurer Minassa, incubateur de startups, et de présenter les projets des jeunes entrepreneurs qui ont profité de l’accompagnement de l’incubateur. Et des idées, ce n’est pas ce qui manquait ! Plusieurs personnalités étaient présentes à l’occasion de cette manifestation. Artistes, entrepreneurs et également le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine Abidine, qui est venu pour réaffirmer l’engagement de l’Etat et de son département auprès des porteurs de projets culturels.
Bien avant le point presse tenu à 20h, une balade culturelle pleine de surprises a été organisée, où les invités ont pu sillonner les ruelles de la Médina, tout en découvrant des petites scènes de théâtre. Autrement dit : une petite marche pour mettre tout le monde dans le bain de la créativité culturelle.
10 millions de dinars pour soutenir les jeunes créateurs de projets culturels
Dans une déclaration qu’il nous a accordée, le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine Abidine, a réitéré, une fois encore, l’engagement de l’Etat dans la promotion de l’entrepreneuriat culturel et des industries culturelles créatives (ICC). Il considère que les jeunes doivent investir et s’investir dans la culture et dans l’art.
“Nous travaillons, notamment, sur l’économie culturelle sociale et solidaire. Le ministère des Affaires culturelles a également créé des fonds dédiés”, a-t-il précisé. Dans cette même optique, le ministre a déclaré qu’un centre international de Tunis pour l’économie culturelle et numérique a été mis en place. “Nous comptons déjà 50 projets en incubation. Pour 2020, notre ambition est d’en incuber 100”, a-t-il précisé.
Au total, selon Mohamed Zine Abidine, 1,5 million de dinars ont été alloués pour le fonds d’aide à la création pour les jeunes. On compte 6 millions de dinars pour les arts. Au total, pour résumer, on parle d’une fourchette de 10 millions de dinars dédiée aux jeunes de moins de 35 ans.
Par ailleurs, on a constaté l’existence d’un manque de communication sur ces fonds. En témoigne, d’ailleurs, le fait que certains startupers, incubés par Minassa, ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant de ces mécanismes d’aide. Interpellé sur cette question, le ministre des Affaires culturelles a affirmé que son département est en train de mettre en place le centre de Tunis pour l’investissement culturel. Il sera basé dans la Cité de la Culture et à l’Ecole culturelle de La Marsa . “Notre objectif est de raffermir les liens avec les entrepreneurs, qu’ils soient jeunes ou non”, a-t-il assuré.
A la découverte des projets
Revenons, à présent, au monde de la création culturelle et artistique. Dans le cadre de l’inauguration de Minassa, plusieurs projets incubés ont été présentés. En voici une petite sélection.
The GentleTies : la mode masculine autrement
Lancée par Bayrem Zahra et Nadia – deux designers -, c’est une marque tunisienne spécialisée dans la fabrication d’accessoires masculin en bois. Pour les deux créateurs, il s’agit de lancer une tendance nouvelle : “pourquoi ne pas porter un noeud de papillon en bois ?”, se sont-ils demandés. Leur objectif va au-delà de “l’effet mode”. Par The GentelTies, les deux créateurs veulent aussi valoriser le patrimoine tunisien et africain. Les accessoires sont, en effet, fabriqués en bois d’olivier tunisien et en bois africains à l’instar du Padouk et de l’Azobé.
“GleG” : transformer l’ennui en énergie
En dialecte tunisien, “gleg” signifie “l’ennui”. Malgré cette connotation négative, Nada Dagdoug a choisi de baptiser son projet “GleG”. Graphiste de formation et ayant obtenu un doctorat en Sciences et Pratiques des Arts à l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, la jeune femme a conçu une série d’animations satiriques sous forme de capsules Web. Elles durent entre 35 et 45 secondes.
Le principe ? S’attaquer à l’ennui qui touche notre société, que l’on soit jeune ou non. Il s’agit de traiter différentes thématiques d’une manière décalée, créative et satirique. Le but est, surtout, de créer des occasions réflexives et actives pour changer le négatif en quelque chose de positif et d’utile.
JK Lightning : et la lumière fut…
Hassen Jeljeli est un jeune architecte passionné pour la création d’objets lumineux. Son projet est né à partir de deux constats : en Tunisie, le choix des luminaires est limité à quelques grandes enseignes et ces dernières proposent, généralement, des produits importés. Le second constat est relatif à l’offre de lampes en Tunisie. Pour le jeune entrepreneur, elle ne répond pas aux codes minimalistes et de naturalité que les clients attendent.
Par le biais de JK Lightning, Hassen Jeljeli propose des produits tunisiens de qualité et qui sont fabriqués à partir de minéraux naturels. Selon le jeune architecte, le processus de production s’inscrit dans l’optique d’une dynamique locale et dans une perspective de développement durable.