Dans sa version adoptée en Conseil des Ministres, le Projet de Loi de Finances 2020 comprend quelques nouveautés en matière de fiscalité. Nous l’abordions, d’ailleurs, dans un précédent article. Le texte révèle d’autres données importantes sur l’exercice 2020 qui nous attend. Ainsi, le gouvernement table sur un déficit budgétaire de 3% du PIB 2020. Il espère que le taux descendra à 2,4 en 2021 et à 2% en 2022.
Dans ce même contexte, le plan triennal fixé par l’Exécutif table sur une augmentation moyenne des ressources propres de l’Etat de 8,9% entre 2020 et 2022. 9,8% de ces ressources devraient provenir des recettes fiscales. D’un autre côté, l’objectif est d’augmenter la part des dépenses allouées à l’investissement : de 5,4% en 2019 à 7% en 2022.
L’insupportable fardeau de la masse salariale de la fonction publique et le secteur public
La masse salariale de la fonction publique, quant à elle, devrait atteindre 15,1% du PIB, ce qui constitue une première. A elle seule, elle va absorber 53,1% des recettes propres de l’Etat. La hausse s’explique par l’augmentation générale des salaires de la fonction publique et du service public, entrée en vigueur suite à un accord conclu entre le gouvernement et la Centrale ouvrière (UGTT). La première tranche des augmentations a été versée le 1er juillet 2019. La seconde sera débloquée dès janvier 2020.
D’autres facteurs ont gonflé les dépenses de l’Etat en masse salariale :
- Augmentation salariale pour le corps sécuritaire (+176 millions de dinars)
- Nouvelles conventions sectorielles en faveur des ingénieurs, des médecins hospitaliers et des professeurs universitaires (227 millions de dinars)
- Recrutement de 7 720 personnes dans l’éducation (+188 millions de dinars)
D’autre part, le PLF 2020 table sur une croissance économique de 2,7% en 2020 (contre 1,4% en 2019). Il a pris en compte plusieurs données micro et macroéconomiques :
- Un baril de pétrole Brent à 65 dollars (ce qui laisse entendre que des nouvelles révisions des prix du carburant sont à prévoir)
- Une augmentation des importations de 9 points en 2020
- Un service de la dette de 11,678 milliards de dinars en 2020 (contre 9,874 milliards en 2019)
- Un total des emprunts atteignant les 11,248 milliards de dinars (intérieurs et extérieurs) l’an prochain contre 10,296 milliards cette année
- 3,3 milliards de dinars de flux d’endettement net (remboursement du principal) en 2020 contre 3,7 milliards en 2019 et 4,4 milliards en 2018
Dans ce contexte, la dette publique devrait atteindre 74% du PIB en 2020 contre 75,1% en 2019 et 76,7% en 2018.
Par ailleurs, comme nous l’avions déjà souligné, le budget total de l’Etat tunisien atteindra 47,227 milliards de dinars en 2020, ce qui représente une hausse de 9,5% par rapport à 2019.