L’annulation de l’introduction à Wall Street du gérant des bureaux partagés WeWork (une levée de fonds envisagée de 3 milliards de dollars pour une valorisation de 47 milliards de dollars) a créé une polémique quant aux limites du business model des co-working spaces. Le point faible de ces sociétés reste leur forte dépendance des cycles économiques.
En Tunisie, un engouement pour ces centres est observé. Selon les chiffres du site Entrepeneurs of Tunisia (www.eot.tn), il y a 38 co-working spaces actifs en Tunisie à la fin du premier trimestre 2018. A notre meilleure connaissance, ce chiffre est aujourd’hui à une quarantaine au moins. Certains sont généralistes et d’autres sont plutôt spécialisés en art ou en technologie. Douze gouvernorats ont de telles structures, avec le Grand Tunis qui s’accapare la part du lion avec 21 centres. Parmi les régions de l’intérieur, seule le Kef, Kasserine et Sidi Bouzid disposent de co-working spaces. La capacité d’hébergement totale s’élève à 1 115 entrepreneurs. Ces structures abritent, fin 2017, 347 startups et 50 associations. Le nombre d’événements organisés a atteint 993, un nombre qui devrait être nettement plus important aujourd’hui.
Ces événements ne sont autres qu’une tentative pour diversifier ses revenus. Censés générer un chiffre d’affaires de la location de bureaux, les co-working spaces survivent réellement grâce à l’offre d’appui aux jeunes entrepreneurs. Plusieurs ont lancé des programmes d’incubation financés par des aides obtenues de la part d’ONG internationales ou grâce à des programmes sponsorisés par des ambassades étrangères. D’autres centres qui ne sont pas parvenus à le faire se sont orientés vers la proposition de formule étudiant, profitant de l’absence de bibliothèques privées.
Ces sources de revenus sont loin d’être récurrentes, ce qui met en péril un bon nombre de ces espaces. Aujourd’hui, il faut qu’on se pose la question suivante : qu’est-ce qui motive les co-workers à localiser leurs activités dans de tels espaces ? La principale raison serait le besoin d’innover collectivement. Le startuppeur cherche d’autres entrepreneurs avec qui il est possible de trouver des complémentarités et donc d’améliorer son offre. C’est donc un espace censé provoquer des opportunités à travers un choix judicieux des projets. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui de nos wo-working spaces ? Pour la majorité, non. Avec les défis financiers, il acceptent tous les porteurs de projets sans chercher à créer un écosystème propice à l’innovation ouverte. Le résultat est un nombre rare de startups qui réussissent à lever des fonds.