Conférence annuelle de l’ATIC
Le financement de l’innovation était au coeur du débat à l’occasion de la troisième conférence de l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC). L’événement a été rehaussé par la présence de Marwan Abassi, gouverneur de la Banque centrale et de Zied Laâdhari, ministre de l’Investissement, du développement et de la coopération internationale. Focus.
Mohamed Salah Frad, président de l’ATIC, a ouvert le bal en dressant le tableau des principales réalisations du secteur du capital investissement en 2017. L’an dernier, les SICAR et les FCPR membres de l’association ont réalisé 232 opérations d’investissement d’un montant total estimé à 421 millions de dinars. Ceci représente une nette croissance par rapport aux chiffres de 2016, année qui a vu le lancement de 220 opérations pour une valeur de 336 millions dinars.
Ces investissement ont profité à 184 projets et ont permis la création de plus de 6500 emplois, a affirmé le président de l’ATIC. Et d’ajouter que 64% de ces investissements ont été réalisés sous forme de capital développement et le reste sous forme de capital-risque. Frad a également précisé que les zones de développement régional ont accaparé 50% de ces investissements.
Doter la Tunisie des ingrédients nécessaires pour développer une économie d’innovation, dont des mécanismes de financement adaptés, est primordial dans un contexte mondial de transition technologique. “Nous sommes conscients que le système classique ne peut offrir les moyens nécessaires pour le financement de l’innovation”, a indiqué Zied Laâdhari lors de son allocution d’ouverture. Pour essayer de pallier ce manquement, le gouvernement oeuvre pour la mise en place d’un fonds des fonds destiné au financement des entreprises à haut potentiel de développement.
“Ce projet vient complémenter les institutions classiques non habilitées à financer ce type de projets”, a-t-il ajouté. Le ministre a indiqué que le gouvernement est actuellement en discussion avec les bailleurs de fonds pour assurer les financements nécessaires à ce projet. “C’est une expérience qui a le potentiel de développement non seulement de l’innovation mais aussi du capital investissement”, a-t-il ajouté.
La loi des changes fait subir aux entreprises tunisiennes un grand nombre d’obstacles qui freinent leur développement. Marwan Abbassi, gouverneur de la Banque centrale, a indiqué dans ce cadre avoir rencontré des représentants des acteurs économiques pour essayer de mettre en place des quick-wins en faveur de l’entreprise tunisienne.
Abbassi a par ailleurs annoncé que la BCT oeuvre pour permettre aux entreprises qui ramènent de la devise de l’utiliser librement, notamment pour développer leurs activités.
Le ministre a également souligné la nécessité de mettre en place un cadre législatif capable d’accompagner cette innovation. “Nous avons le Startup Act, mais les efforts doivent continuer notamment en ce qui concerne le code du capital investissement”, a indiqué le ministre qui a rappelé également que le gouvernement oeuvre déjà sur des nouvelles lois sur l’auto-entrepreneuriat et l’économie sociale et solidaire.
Le ministre a également annoncé que le gouvernement est en train de travailler sur une loi transversale dont le rôle est de mettre en place un environnement business-friendly. Succincte, cette loi devrait être plus simple à discuter et à adopter une fois soumise au parlement, a expliqué le ministre. Outre les instruments de financement et un cadre réglementaires appropriés, l’organisation de l’écosystème d’appui aux entreprises innovantes est aussi dans la ligne de mire de l’action gouvernementale, assure Laâdhari.
“Nous disposons d’un grand nombre de mécanismes qui ne sont malheureusement pas en train de collaborer de la manière la plus optimale”, a-t-il déploré.
En ce qui concerne les efforts de Decashing, le gouverneur de la BCT a indiqué qu’une commission ad hoc planche sur ce sujet depuis plus de deux ans. Il a par ailleurs annoncé que la Banque a lancé un projet de Digital payment avec la Banque mondiale et le cabinet EY pour la mise en place d’une feuille de route. Et de préciser: “Nous aurons dès avril prochain un plan d’action concret”.