Le ministère marocain de l’industrie a annoncé le 15 octobre dernier sa décision d’imposer de mesures antidumping définitives sur les cahiers tunisiens.
Le 11 mai dernier, le Royaume chérifien avait mis en place d’importantes mesures d’antidumping provisoires à l’encontre des cahiers scolaires de producteurs tunisiens à hauteur de 51.06% et 33,77%. Les marges de dumping au stade final, annoncées le 15 octobre dernier, ont été nettement réduites passant, respectivement, à 15.69 et 27.71%.
Avec un volume de 7000 tonnes par an, les produits tunisiens représentent le tiers des besoins du marché marocain estimé à environ 21 mille tonnes. Qui plus est, le Maroc importe 87% de ses cahiers scolaires de la Tunisie.
Pour les producteurs tunisiens, ces mesures “antidumping” sont un coup dur, vu que le marché marocain représente pas moins de 70% de leurs exportations.
Le 10 juillet dernier, la Tunisie a porté plainte contre le Maroc auprès de l’Organisation mondiale du commerce. De son côté, le gouvernement marocain avait défendu sa décision qu’il a jugée “en parfait accord avec les règles de l’OMC”, selon une déclaration de Mustapha Al-Khalfi, porte-parole du gouvernement marocain, lors d’une conférence de presse organisée le 13 juillet 2018. Et d’ajouter que cette décision “vise à empêcher la Tunisie d’inonder le marché marocain et de violer les règles de la concurrence”.
De leur côté, les producteurs tunisiens nient catégoriquement les accusations marocaines. “Pour parler de dumping, il faut qu’il y ait trois conditions essentielles”, a indiqué au Manager Issam Fridhi, directeur des exportations chez Sotefi, propriétaire de la marque Selecta. “Ces conditions ne sont pas réunies”, a-t-il affirmé lors d’un entretien téléphonique avec Le Manager.
D’après notre interlocuteur, les 3 conditions nécessaires fixées par l’OMC pour parler de dumping sont 1) une différence de plus de 2% entre le prix de vente du produit sur le marché local et celui destiné à l’export, 2) un impact négatif sur les producteurs marocains et 3) un lien de causalité entre les deux premières conditions.
L’impact des mesures prises par les autorités marocaines était néfaste pour les producteurs tunisiens. Mais le pire a été évité, nous rassure Fridhi: “Pour cette rentrée, nous avons fait en sorte que nos marchandises soient livrées avant l’entrée en vigueur de ces mesures”.
À long terme, les producteurs tunisiens se sont rendus à l’évidence qu’il faut diversifier leurs marchés afin d’éviter de telles mauvaises surprises : “Je viens de rentrer de l’Ethiopie. C’est un marché intéressant, mais il nous faut du temps”, a-t-il conclu.