Bob Dorf est le deuxième expert Lean and Customer Development le plus compétent sur la planète, juste derrière Steve Blank, qui a mis au point la méthodologie. En collaboration avec Steve Blank, Bob a publié The Startup Owner’s Manual: le guide pas-à-pas pour créer une grande entreprise. De passage en Tunisie, l’expert a assuré une formation en coaching et mentoring de deux jours, le 18 septembre à Tunis au profit d’une quarantaine d’universitaires, et d’une bonne dizaine d’acteurs de l’écosystème tunisien. Focus.
Cette formation s’inscrit dans le cadre du lancement de la 3ème édition de l’Open Startup Tunisia, une compétition de startups pour les étudiants d’institutions et universités tunisiennes publiques et privées. L’événement a été organisé en partenariat avec l’université de Columbia Engineering Columbia Business School, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’ambassade des Etats-Unis, la Fondation BIAT, Africinvest et GoMyCode.
Entrepreneuriat, marketing et bonne gouvernance ont été au cœur des thématiques de la formation à laquelle ont assisté des universitaires, des entrepreneurs et des coaches de différents recoins de la Tunisie. Avec plus de 42 ans d’expérience à son actif, Bob Dorf a ainsi partagé son savoir-faire entrepreneurial. L’auteur du Manuel de l’entrepreneur a lui aussi eu sa part d’échecs à plus d’une occasion.
L’objectif de cette initiative est de booster l’écosystème, a indiqué l’expert, qui a formé et accompagné plus de 1000 startups aux Etats-Unis et à travers le monde. Et d’ajouter: « L’année dernière la formation était suivie de près par les acteurs leaders de l’écosystème. Étendre la méthodologie vers le corps enseignant est important pour la reconstruction et la modernisation de l’esprit entrepreneurial en Tunisie ».
Il faut laisser tomber le rituel habituel
Bob Dorf a néanmoins insisté sur un point tout au long de la formation: prendre des risques, c’est l’essentiel. Pour lui l’ingrédient de la réussite, c’est d’exécuter le plan sans le business plan ! « Quand la vision est claire, quand le plan est dans la tête pas besoin de business plan et de paperasse sans intérêt » déclare l’expert. Rappelant ainsi à l’audience la définition même de la startup: “c’est une jeune entreprise qui vient de démarrer son activité et qui voit grand”. Les startups vouées à la pérennité sont celles qui présentent les idées et qui les exécutent sans tarder.
Dans le même sillage, il a présenté des principes fondamentaux pour réussir son entreprise: La constance des efforts, se fier à l‘avis de ses clients, préciser son modèle d’affaires, et surtout, tout essayer pour réussir. L’offre de valeur et le segment clients, deux rubriques fondamentales du modèle d’affaires, doivent être réfléchis minutieusement: “Le produit doit plaire aux consommateurs, ce sont eux les piliers de l’affaire” et d’ajouter que 95% des startups technologiques échouent parce qu’elle manquent de clients, soulignant que “plus le business model est simple, faisable, répétitif et évolutif, plus les chances de réussir s’accroissent”.
Se fiant à son expérience, le plus important pour Bob Dorf est qu’il faut plonger dans l’océan de l’entrepreneuriat par passion et il faut y prendre du plaisir:“Vous devez devenir entrepreneur par motivation et pas seulement pour des gains économiques, autrement c’est l’échec”.
“Le cran ne peut pas être enseigné”
Les présents, de leur côté ont bénéficié d’une sagesse et d’une expérience de plusieurs décennies dans le domaine de l’entrepreneuriat. Bob Dorf a rappelé à l’assistance que « des opportunités comme celles-ci peuvent permettre de gagner en compétences et d’avoir un accès aux outils nécessaires pour la réussite dans les affaires. En revanche, le cran ne peut pas être enseigné ».
Mohamed Nabil Amara, diplomé en entrepreneuriat social de l’IHEC Carthage, ayant participé à la formation a indiqué que : “Grâce à cette formation, délivrée par une référence dans l’entrepreneuriat, on a appris à travailler avec la méthode de Lean startup, et à acquérir les outils avec lesquels travaille Columbia University. On a pu découvrir l’entrepreneuriat à l’américaine”.
Quant à Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, il a exprimé son soutien à cette initiative soulignant que : “Nous soutenons toute action visant à développer l’entrepreneuriat dans le milieu universitaire. L’entrepreneuriat n’est pas une affaire de spécialistes ou de docteurs, tout le monde est concerné. Ceci est un projet en PPP avec des formateurs de haut calibre et qui utilise le réseau des 4C”. Il a souligné la nécessité des formations pour les formateurs, chose qui ,selon lui, manque en Tunisie. Et d’ajouter :“ Toutes les personnes formées ici seront utiles pour l’université et l’étudiant”.
Plus encore, il a indiqué qu’un travail en collaboration avec le ministère de l’Éducation est en train d’être réalisé pour intégrer dans les programmes scolaires du primaire et du secondaire la culture entrepreneuriale : “ Initier les élèves à l’entrepreneuriat, à l’innovation et à la gestion de projet les aidera à être mieux préparés psychologiquement et en termes d’outils pour l’acquisition de l’esprit entrepreneurial. Ceci dit, il s’agit d’un travail de longue haleine” a-t-il ajouté.
Les certificats ont été délivrés. Les outils et méthodologies ont été acquis. Et les formateurs et professeurs, prêts à transmettre leurs compétences à leurs étudiants et mentorés. Maintenant, le passage à l’action s’impose.