En 2017, 1.2 milliard d’Africains sont entassés sur le continent. Leur nombre ne cesse de croître pour atteindre, selon les estimations des Nations Unies, 2.2 milliards à l’ horizon 2050. Sachant fort bien que ce continent au sud de la Méditerranée souffre d’un déficit d’infrastructures important, le World Economic Forum a mis en exergue un défi qui se résume en ces termes: l’Afrique est-elle en mesure d’absorber cette explosion démographique en faisant recours aux ressources à bord?
Selon les chiffres recueillis par la Banque mondiale englobant 24 pays subsahariens, les dépenses publiques annuelles nationales en infrastructures sont extrêmement faibles, soit en moyenne 2% du PIB en 2009–2015. Sans surprise, les conditions de vie dans les villes africaines laissent à désirer.
Défaillances considérables
L’Afrique est le “bel exemple” d’une mauvaise gestion des ressources financières.
La lourdeur administrative conjuguée à une réglementation dépassée fait en sorte que le secteur privé peine à investir en matière de développement de l’infrastructure. L’informalité qui devient un phénomène de taille a catalysé la naissance de villes fragmentées, fragilisées par l’économie souterraine et excessivement chères à vivre. Selon la Banque mondiale, les villes africaines sont 29% plus chères globalement que les autres villes à revenu égal.
Dakar, au Sénégal, a récolté le fruit amer de cette conjoncture peu favorable. Empêchée par les autorités centrales de vendre des obligations aux investisseurs en 2015, la capitale de ce pays de l’Afrique occidentale a enregistré un manque à gagner de 40 millions de dollars, selon le WEF. En opposition à un univers où en encourageant l’investissement privé, les terres fleurissent davantage. Les villes américaines en sont une parfaite illustration. Elles ont amassé plus de 111 milliards de dollars d’obligations pour des projets d’infrastructure en seulement deux mois l’année dernière.
Néanmoins, bien qu’elle soit un continent qui se noie dans les méandres d’une mauvaise gouvernance, l’Afrique arrive à tirer son souffle grâce à une ressource humaine, le moins que l’on puisse dire, précieuse.
Le verre à moitié plein
Incontestablement, les villes africaines sont, malgré tout, dynamiques et créatives.
Bien que la plupart des services urbains soient fournis par des prestataires privés informels, ils demeurent vitaux pour les citoyens. Selon le WEF, les systèmes de transport en commun en Afrique sont fournis à hauteur de 70 à 95% par des opérateurs indépendants et informels.
La quatrième révolution industrielle en Afrique n’est pas en reste. L’on assiste d’ailleurs, à une époque où la pénétration de la téléphonie mobile et des données générées par des centaines de millions d’appareils sont en mesure d’améliorer la qualité de vie.
Plus saisissant encore, les avancées technologiques notamment en systèmes solaires photovoltaïques, en stockage des batteries et même pour ce qui est satellites, sont intelligemment exploitées par le continent. Et pour preuve, le Kenya est le premier pays d’Afrique subsaharienne à lancer un satellite dans l’espace.
Des forces qui peuvent aller s’intensifiant si l’on arrive à remédier aux anomalies, devenues chroniques, dont souffre ce continent.
Mais, il reste à faire …
Le WEF a proposé de nombreuses recommandations en vue de remédier à ces défaillances.
Il s’agit d’abord d’une mesure prioritaire, celle de mobiliser les plus grands esprits de la planification urbaine, de la technologie et de la durabilité permettant de saisir les opportunités de demain, et d’assurer une vie digne à des habitants dont le nombre augmente à une vitesse grand V.
En effet, explique le WEF, débloquer de nouvelles sources de capitaux contribuera à créer des emplois, à encourager l’intégration régionale et à s’assurer que l’Afrique se dote de moyens qui répondront aux besoins des générations futures.
Ensuite, le WEF appelle à accélérer les investissements dans le domaine de la technologie pour une infrastructure urbaine plus intelligente.
Mais par-dessus tout, réorienter le débat sur le développement immobilier urbain en Afrique. Il y a, bien sûr, des villes émergentes à travers le continent: Eko Atlantic au Nigeria, Tatu City au Kenya et Vision City au Rwanda, pour n’en nommer que quelques-unes.
Des projets phares qui établissent une nouvelle norme en matière d’accessibilité financière, de responsabilité, d’opportunité économique et de durabilité sont nécessaires.
Enfin, le WEF sollicite exploiter les ressources renouvelables. Le Nigeria, qui fournit des systèmes solaires distribués et remplace les générateurs diesel polluants, est un bel exemple de réussite dans ce secteur.