Imprégnée d’un univers que singularisent les oasis et les palmiers, Rim Belgaïed s’est donnée pour mission d’explorer les palmes sèches, une matière jamais exploitée dans sa région, Gabès, et au fort potentiel. De sa passion pour les senteurs et parfums naît l’idée de produire des palettes moulées à partir des palmes sèches.
A défaut de pouvoir extraire des huiles essentielles à partir de ce produit, elle souhaite trouver une solution écologique pour réduire la pollution atmosphérique et visuelle dans l’oasis. A vrai dire, c’est de là qu’est née l’idée d’exploiter et valoriser les palmes sèches jetées ou brûlées dans les oasis de Gabès, en procédant à leur transformation en palettes moulées. Cette technicienne supérieure en cosmétique, arôme et parfums saura investir à bon escient le poulailler de son oncle qui lui sert aujourd’hui d’exploitation.
Les palmiers sont souvent à l’abandon, des tonnes de déchets restent inexploités chaque année. Rim se spécialise alors dans la valorisation des déchets végétaux des oasis de Gabès. Elle recycle ces sous-produits qu’elle transforme ensuite en produits d’hygiène pour les poulaillers ou des compléments alimentaires pour le bétail. Elle entend ainsi produire des palettes à partir du déchet de palmiers commercialisées sous la marque Ecopalme, qui seront destinées aux entreprises qui fabriquent les produits sanitaires et alimentaires.
Découvrant le coût excessif et les interminables démarches à entreprendre pour l’exploitation de ce genre de palettes, elle a dû revoir sa copie et diversifier ses produits. Ainsi, elle décide de fabriquer également du fourrage pour le bétail et des litières pour l’hygiène des poulaillers, toujours à base de déchets de palmiers en quantités abondantes et inexploitées par les propriétaires de palmeraies. «Beaucoup l’ignorent mais la sciure de palme peut faire l’objet de multiple usages», explique Rim. Son projet contribue à la création d’emplois directs et indirects à Gabès et toute la région du sud tunisien.
Pour Rim, le projet est d’envergure. Il a coûté 400 mille dinars dont une contribution de Souk At-tanmia et un appui indéniable à mobiliser les fonds requis auprès de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), une banque de la place et d’autres organismes d’appui à l’entrepreneuriat. Mais la réalisation de toute ambition ne va pas sans son lot de tracas.
Le projet de Rim n’étant pas des plus ordinaires, la lenteur administrative et la lourdeur de la machine bureaucratique ne l’ont pas épargnée puisqu’elle a dû jongler avec le retard pris pour la livraison des machines de son unité de fabrication de palettes. A ce niveau, le programme de Souk At-tanmia a été d’un grand secours pour la jeune entrepreneure, notamment pour faire face au carcan des procédures et l’accès aux autorisations nécessaires, qui lui ont permis de concrétiser son rêve.
Patience, persévérance et formation continue sont les maîtres mots qui ont guidé son parcours et l’ont mené à sa réussite. “Il est fondamental de s’entourer de personnes expérimentées et avisées pour vous aider à élaborer un plan d’affaire solide, que vous devrez maîtriser sur le bout des doigts pour pouvoir le défendre auprès des banques” insiste-t-elle.
Aujourd’hui, à 39 ans, elle se pose en précurseur pour faire émerger une économie verte. Elle entame de nouveaux aménagements pour accueillir de nouvelles machines et poursuivre son rêve de bien se positionner avec ce projet pilote en Tunisie, pour conquérir par la suite les marchés étrangers; auquel cas il faudrait augmenter le volume de production et partir encore une fois à la quête de financement.