Tout le monde est bien avisé sur la question, le chômage s’explique aujourd’hui et pour une large part, par à l’inadéquation entre l’enseignement supérieur tunisien et les besoins du marché.
Chaque année, rappelle Selim Oueslati, chef de projet RTMC à l’ANETI, près de 80 000 diplômés n’intègrent pas le marché du travail, alors qu’en parallèle la création d’emploi moyenne annuelle ne dépasse pas les 20 000 emplois.
Pour pallier cette grande problématique, la Direction générale de la rénovation universitaire, rattachée au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique prend le problème à bras le corps et se fixe pour mission de rapprocher l’université au monde socio-économique en dressant des référentiels métiers issus des commissions sectorielles pour la rentrée prochaine.
C’était lors d’une conférence, organisée aujourd’hui même; par cette même direction, en présence d’un parterre d’enseignants, chercheurs, professionnels, représentants d’institutions publiques, et qui était l’occasion de découvrir le travail effectué par les différents organes du ministère et notamment l’ANETI.
Toute une réflexion a été menée par la direction sur les métiers existants et inconnus dans l’objectif de dégager les compétences, les savoirs et les connaissances nécessaires pour améliorer l’employabilité de nos jeunes diplômés. Partant du constat que le système LMD est loin de répondre à ces objectifs, Zoubeir Tourki a indiqué qu’une des initiatives mise à profit aussi bien des étudiants que des entreprises est le “supplément diplôme” visant à sensibiliser l’étudiant sur les compétences qu’il lui faut acquérir pour intégrer le marché de l’emploi.
La DGRU, qui s’attèle activement à la modernisation de l’enseignement supérieur et de la formation s’applique actuellement au rapprochement entre l’université et le monde socio-économique, notamment par la réforme du système LMD, l’intensification des partenariats entre l’université et l’entreprise, l’ancrage des concours entrepreneuriaux et l’adaptation et le renforcement des programmes de formations continues certifiantes.
La conférence a donné l’occasion à quatre secteurs d’activité : TIC, ingénierie agricole, biotechnologie et science de la santé, de discuter et d’échafauder un rapport dont l’objectif est de permettre l’élaboration des référentiels métier par domaine d’activité.
De son côté, l’ANETI est en train de finaliser un travail de longue haleine. Selim Oueslati, chargé du projet RTMC, a présenté les travaux effectués par l’Agence dans le cadre du programme Rem-Rec. Tout un référentiel métiers sera bientôt disponible et mis à profit de l’ensemble des parties prenantes; étudiants, diplômés, professionnels, établissements d’enseignement supérieur et instituts de formation publics et privés.
Dans une déclaration faite au Manager, Selim Oueslati nous informe que ce référentiel vise à outiller le marché de l’emploi d’une “référence”, leur permettant de prendre connaissance de l’ensemble des compétences, connaissances et savoirs requis pour exercer chaque métier. “On vise également les ministères et les formations professionnelles, pour qu’ils puissent actualiser leurs modules de formation, améliorer l’employabilité et les taux d’insertion, et ce, dans l’objectif de baisser le taux de chômage” déclare-t-il.
Ce projet, conduit entièrement par des ressources tunisiennes (fonds de l’ANETI), a été appuyé en expertise par des partenaires français, dans sa phase de validation. Les premiers résultats de ce travail, fruit d’une étroite collaboration avec les entreprises (892 entreprises consultées), notamment pour valider le contenu des fiches, ont abouti au recensement de près de 8300 métiers, répartis sur 512 fiches métiers, chacune spécifiant les compétences et savoir-faire que doivent maîtriser nos jeunes pour pouvoir exercer chacun de ces métiers.
“Actuellement nous sommes en train de contacter les fédérations professionnelles (UTICA, CONECT, UGTT, etc.) pour avoir leur retour. Après la validation des différents partenaires, cet outil sera mis en ligne au début du prochain trimestre (entre septembre et octobre). A noter que ce référentiel est généraliste, les métiers étant dressés par domaine d’activité, il servira donc de base pour construire les référentiels sectoriels.