Forum annuel du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’affaires
Le forum annuel du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’affaires a été tenu les 25 et 26 juin 2018 à Tunis par l’Economiste Maghrébin, sous le thème « Le rôle des banques africaines dans l’intégration du continent ».
Ce forum, institué en 1989 et qui se tient pour la première fois en Tunisie, s’est voulu un carrefour de dialogue entre les différents acteurs économiques, tunisiens et africains, pour exposer les défis de l’intégration continentale, et afin de proposer des recommandations utiles.
Cette édition, notons-le, est marquée pour la première fois, par la mise en place d’un comité scientifique chargé d’élaborer un document résumant les points phares du forum, et qui sert de guide pour les membres du club.
Aïssata Koné Sidibe, présidente du Club et directrice générale de Coris Bank International Mali, a indiqué que la stratégie du club se base sur la collaboration avec d’autres groupements professionnels, dans un environnement mouvant pour faire face aux défis communs.
Inaugurant les travaux, le ministre des Finances Ridha Chalghoum s’est dit fier que la Tunisie ait été sélectionnée pour l’organisation de cet événement de grande envergure. Il a également mis l’accent sur le choix du thème, qui selon ses propos, est opportun étant donné que les banques jouent un rôle indéniable en matière d’intégration.
«Au-delà de leur fonction naturelle, celle du financement de l’économie, les banques interviennent notamment au niveau de l’accompagnement financier et de la vulgarisation de l’information financière pour que les opérateurs aient une meilleure connaissance des pays africains. », a-t-il expliqué.
A ce titre, Ridha Chalghoum n’a pas manqué de mentionner que la Tunisie est l’un des premiers pays africains à avoir opté pour le choix de l’intégration économique en créant notamment des banques mixtes dans le domaine du financement de l’habitat et du financement solidaire.
Cependant et toujours d’après ses propos, cette intégration en cours d’évolution a besoin d’être consolidée et renforcée. D’après le ministre des Finances, pour remédier à la lenteur de cette intégration économique, il faut que le secteur privé soit impliqué : les banques doivent fournir une information fiable, encourager et accompagner les nouveaux vecteurs de Fintech dans le domaine du digital. Il a, par ailleurs, mis en exergue le rôle fondamental de l’Etat.
L’engagement des politiques catalyse l’intégration économique continentale
Étayant ses propos, Ridha Chalghoum a indiqué que le gouvernement est censé offrir les conditions favorables au développement des banques à l’échelle continentale, et ce, à travers l’établissement d’une réglementation adéquate. Les banques africaines, a-t-il insisté, devraient se conformer aux standards internationaux et harmoniser leur système de paiement.
Fadhel Abdelkefi, président du Groupe Integra Partners, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ancien ministre des Finances adhère à cette idée. Il considère que l’intégration africaine ne saurait se concrétiser sans l’intégration politique.
Selon ses dires, l’intégration économique est un processus de longue haleine. Une stratégie bien rodée doit nécessairement être adoptée par le gouvernement avec des objectifs clairs et atteignables.
Dans le même sillage, le responsable estime que l’Union africaine doit s’inspirer du modèle de l’Union européenne.
Le bilan de l’intégration interafricaine
Fadhel Abdelkefi a dressé, à cette occasion, le bilan de l’intégration. En effet, bien que l’Afrique dispose d’une dizaine de groupements économiques et que les pays africains soient des pays complémentaires, le chemin demeure encore long. Si l’Afrique commerce avec l’Europe et avec l’Asie à hauteur respectivement de 70% et 60%, les pays de l’Afrique ne commercent entre eux qu’à hauteur de 18%.
Il a mis en relief, dans ce même sillage, l’écart qui existe entre l’Afrique du Nord et le reste du continent. « Le manque à gagner de l’Afrique du Nord est de l’ordre de 1,5 à 2% du PIB pour chacun des pays à cause de la non-intégration. », a-t-il regretté.