La Banque mondiale a décidé, aujourd’hui 29 juin 2018, d’octroyer un nouveau prêt de 500 millions de dollars pour appuyer d’importantes réformes en Tunisie. L’objectif est de dynamiser l’investissement privé, de protéger, parallèlement, les ménages sensibles et d’accentuer la sécurité énergétique.
Cette opération, notons-le, s’inscrit dans le cadre des mesures de simplification des procédures de commerce international, d’ouverture des secteurs pour l’investissement, de la facilitation de l’accès des PME aux crédits, de l’assurance d’une couverture sociale aux classes démunies, du renforcement du capital humain et de la structuration du secteur de l’énergie durable et verte.
Elle comporte trois chapitres : le premier vise à appliquer la nouvelle loi sur l’investissement. Cela permettra, entre autres, de supprimer 27 des 127 formalités douanières, et de digitaliser d’autres procédures pour garantir la transparence et l’efficacité. Le processus de digitalisation des marchés publics est aussi au menu en vue de simplifier la réponse aux appels d’offres et de réaliser ainsi l’objectif qui prévoit d’attribuer 20 % des marchés publics aux petites entreprises.
Le deuxième chapitre concernera l’amélioration de la protection sociale et l’extension de l’octroi du microcrédit. Les programmes sociaux seront dirigés aux plus nécessiteux, et ce, par le biais d’un meilleur ciblage. Le nouveau financement devrait aussi mettre l’accent sur la performances en termes de santé et d’éducation.
«Des filets de protection sociale bien conçus joueront un rôle central dans l’engagement du gouvernement à ne laisser personne sur le bord du chemin », souligne Marie-Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.
Quant au troisième chapitre, il vise à soutenir la réforme du secteur de l’énergie, pour installer les conditions permettant d’atteindre l’objectif de 30 % de la production d’électricité assurée par des sources d’énergie propre d’ici 2030.
Une étape primordiale consistera à supprimer les subventions à l’énergie, qui pèsent lourd dans le budget public et ne profitent paradoxalement qu’aux riches, qui consomment plus d’énergie que les pauvres. Enfin, cela enverra un signal décisif aux investisseurs tout en permettant de mobiliser les fonds nécessaires pour financer la transition vers l’économie verte.
Selon les responsables de projet à la Banque mondiale, Abdoulaye Sy, économiste senior, et Fadwa Bennani, spécialiste senior du secteur financier, l’augmentation des prix du pétrole va exercer davantage de pression sur le budget public, rendant la résolution du problème des subventions à l’énergie plus tenace. Et de souligner également que le développement des énergies renouvelables réduira la dépendance à l’énergie fossile importée et renforcera la sécurité énergétique.
A noter que d’après l’expérience d’autres pays, des réformes adaptées pourraient attirer environ 300 millions d’investissements privés dans les énergies renouvelables au cours des quatre prochaines années.