Présentation de l’ouvrage de Radhi Meddeb : « Le désenchantement du Jasmin »
Pour présenter son nouvel ouvrage “Le désenchantement du jasmin”, Radhi Meddeb a procédé à une conférence-débat, tenue samedi 12 mai 2018, avec la participation de l’économiste Hachemi Alaya, de l’éditorialiste Zyed Krichen et modérée par Aziz Mebarek.
Trois thématiques d’une brûlante actualité ont fait l’objet de cet événement, à savoir la décentralisation, les réformes et l’éducation.
Partageant ses convictions sur les élections municipales, Radhi Meddeb estime qu’elles vont permettre d’enclencher un processus de décentralisation effective. D’ailleurs, selon ses dires, plusieurs éléments positifs émergent du dernier scrutin dont notamment “ l’adéquation entre le paysage politique et la réalité ”. “ Ceci est illustré par l’élection d’un fort taux de jeunes et de femmes aux conseils municipaux, estimé à 48% ”, a-t-il expliqué. Et d’ajouter : “La décentralisation n’est pas un exercice technique, c’est une obligation constitutionnelle”. “Cela n’empêche, précise-t-il, que le citoyen tunisien a plus besoin de l’inclusion économique et sociale avant l’inclusion citoyenne et politique”.
Mettant l’accent sur le Code des collectivités locales, Radhi Meddeb a regretté le retard pris pour son adoption. Il pense également qu’il est «beaucoup plus ambitieux que ne le permet la capacité réelle des municipalités». Il a précisé dans ce contexte que 1% du budget de l’Etat, soit 320 MD, a été dédié aux collectivités locales.
Quant à Zyed Krichen, il a conclu que deux leçons essentielles doivent être tirées à l’issue des municipales : la moitié des Tunisiens est totalement déconnectée du politique et l’autre moitié sanctionne le politique. Il estime, par ailleurs, que les municipales ont prouvé que nous avons un courant islamiste assez stable. “ Le vote islamiste est fidèle, c’est un choix. Le parti islamiste Ennahdha est le seul à avoir gardé 70% de l’électorat de 2014”, a-il-commenté.
En revanche, Hachemi Alaya a remis l’intérêt de la tenue des municipales sur le tapis. Avons-nous eu raison d’organiser les élections ? Est-ce que la décentralisation en question est efficace ? L’économiste prévoit la duplication du patchwork national au niveau régional.
Selon lui, au lieu de résoudre les problèmes du quotidien des citoyens, le gouvernement persiste et signe avec la surenchère démocratique. La forte abstention au vote est une réponse en soi pour dire que les Tunisiens exigent le renouvellement de l’offre politique. Déchiffrant les résultats, Alaya considère que la montée des indépendants est un mauvais signe et que la seule bonne nouvelle est le recul de l’idéologie islamiste.
Concernant les réformes, pour Radhi Meddeb, l’avis unanime des différents acteurs politiques et économiques sur l’impératif de la réforme de certains secteurs, voire tous, ne cache pas la complexité de son application pratique. Prenant la parole dans ce sillage, Hachemi Alaya, est catégorique : “Le fondement d’un nouveau modèle politique et économique est une urgence”, a-t-il revendiqué fermement.
Il ajoute que le système actuel, étant bâti par l’Etat et pour l’Etat, est en fait contre la liberté individuelle et que le choix de la liberté n’est resté qu’un discours creux depuis 2011. Donnant un aperçu de la situation économique qui stagne, l’économiste a indiqué que notre structure tourne autour d’un secteur public bureaucratique et dominant qui a besoin d’être revu.
Zyed Krichen, quant à lui, estime que la vision d’Alaya est inapplicable. La solution passe, selon lui, par l’inclusion sociale immédiate des exclus. L’impasse provient, en effet, de la rencontre de deux aspirations extrêmement différentes, celle des exclus revendiquant la dignité et des inclus demandant la démocratie. “ Les exclus n’accordent aucun intérêt aux discours des élites étant un débat entre eux, ils veulent et dans l’immédiat leur part du gâteau”, a-t-il précisé.
Faut-il ainsi faire de la discrimination positive en faveur des exclus pour surmonter ces obstacles? Radhi Meddeb affirme que l’inclusion est un acte de survie. L’école déjà est au cœur de l’exclusion, tout comme l’entreprise. Le stock des chômeurs est extrêmement important alors que 100 mille postes d’emploi ne sont pas pourvus. L’idéal serait d’inclure tous les acteurs avec notamment l’opposition et les citoyens pour mettre un terme à cette stagnation économique.