Le Système des Nations unies en Tunisie appuie le réseau local du Pacte Mondial dans l’organisation de la deuxième édition de Forum annuel sur les ODD, qui a eu lieu le 17 avril 2018 au CITET, et portant sur l’alignement de la responsabilité sociétale des entreprises tunisiennes sur les Objectifs de développement durable (ODD) issus de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Focus sur l’entreprise, en tant que partenaire incontournable dans cette initiative mondiale. Le thème de cette année est donc: « Contextualiser les ODD pour les entreprises tunisiennes : des 10 principes du Pacte Mondial vers les 17 ODD des Nations unies ». Le Forum a réuni des représentants d’institutions nationales, du secteur privé, de la société civile et de la communauté de recherche scientifique et d’organisations internationales.
Ce n’est pas un secret, la Tunisie est en situation de déficit écologique. Selon un rapport de la Francophonie de 2013, la Tunisie demande 2 fois plus de biocapacité que ses écosystèmes ne peuvent produire. Le réseau Pacte Mondial en Tunisie, représenté par l’Institut de responsabilité sociétale des entreprises (IRSET), a été lancé le 8 septembre 2015 et sert de plateforme pour faire avancer le Pacte Mondial des Nations unies et ses principes en Tunisie.
La Tunisie en marche accélérée vers la réalisation des ODD !
En déficit écologique, oui ! Mais la Tunisie semble avoir pris le train en marche du développement durable. La Tunisie a adopté les ODD en 2015, apportant préalablement sa pierre à l’édifice dans le processus d’élaboration des ODD via un consensus national. Bien sûr, pour que les objectifs soient atteints, chacun doit remplir sa part du contrat: gouvernement, société civile et secteur privé. Mais les ODD coûtent cher ! Citant le texte officiel: « Notre génération pourrait être la première à éradiquer la pauvreté, tout comme nous sommes les derniers à avoir une chance de sauver la planète », Diego Zorilla, coordinateur résident des Nations Unies en Tunisie, précise que les ODD s’inscrivent dans la continuité des ODM, mais la nouveauté est qu’il s’agit d’un agenda universel s’appliquant à l’ensemble des pays du monde, sans distinction des niveaux de richesse. Il explique les ODD à travers les “5 P”: “people” (qui s’inscrit dans la continuité des objectifs sociaux définis par les ODM), “prospérité”, “protection de la planète”, “paix” et “partenariat” (tripartite: société civile, gouvernement, et secteur privé). Rappelant au passage que nous avons besoin de près de 3 trillions de dollars pour la mise en œuvre des ODD ! D’où l’importance du rôle du secteur privé.
Diego Zorilla souligne que les ODD présentent également une opportunité pour les entreprises. Indiquant que le réseau local du Pacte Mondial est un des outils qui aidera les entreprises pour leur concrétisation.
Ameur Laarayedh, président de la commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement à l’ARP évoque de son côté les avancées en matière de réglementations. “Un projet de loi est en cours de discussion au sein de l’ARP, plusieurs ateliers et journées d’études participatives ont été organisées dans les régions pour prendre connaissance des besoins au niveau local”, indique-t-il. Le député informe que le projet de loi est en marche, les discussions aussi. Mais un certain nombre de questions ne font pas encore consensus, notamment concernant l’article 1 focalisant la RSE au niveau régional. La polémique se situe au niveau de la contribution des entreprises dans la RSE et des entreprises concernées par le projet de loi. Par ailleurs, Ameur Larayedh rappelle que l’approche adoptée dans ce projet de loi exigeant que les entreprises qui exploitent les richesses naturelles consacrent une partie de leurs bénéfices au profit de la région où elles sont implantées risque de concourir au déséquilibre régional.
De ce fait, il a été proposé de constituer un Fonds national pour la RSE, afin de ne désavantager aucune région. Par ailleurs et afin de répondre au manque de résultats de certaines expériences engagées depuis 2011, par manque de coordination avec les besoins locaux, le député informe que des comités locaux seront constitués afin de fixer les priorités de chaque région.
La Tunisie a entrepris depuis 2012 plusieurs initiatives nationales l’engageant vers la voie du développement durable sous toutes ses coutures ! De la stratégie nationale du changement climatique et feuille de route nationale pour la transition vers une économie verte en 2012, jusqu’à la stratégie nationale de la responsabilité sociale des entreprises et des organisations, en passant bien sûr par les ODD en 2015 et la stratégie nationale des modes de production et de consommation durable, et on en passe. Le chemin reste long, mais les efforts ne manquent pas.
Les entreprises semblent suivre la marche “verte” et socialement responsable…
Témoignant lors de la séance plénière sur “RSE et ODD en Tunisie, état des lieux et perspectives”, Yousser Achich, responsable RSE à l’UBCI-Groupe BNP Paribas a présenté la stratégie de la banque en la matière. Les ODD font partie intégrante de la stratégie de la banque. Premier fait à souligner : l’UBCI s’est fixé pour règle de ne plus octroyer de crédits aux opérateurs engagés dans la production de tabac en Tunisie ! Soutien à l’entrepreneuriat social, protection des droits de l’homme et de la biosphère, protection de la biodiversité à travers le Pacte pour une Tunisie verte, et l’engagement vers la zéro déforestation, inclusion financière et climat; la banque est dotée d’une stratégie bien ficelée qui ne laisse rien au hasard, s’érigeant en modèle d’entreprise responsable socialement et sur tous les plans ! Elle accompagne les clients pour la mise en place de dispositifs visant la réduction des émissions de CO2.
Autre fait à saluer, cette deuxième édition du Forum annuel des ODD a été organisé avec l’appui d’opérateurs privés, témoignant d’une prise de conscience émergente et en évolution.