TBCC, AMCHAM
Comment saisir les opportunités offertes pour redynamiser le secteur du tourisme de santé en Tunisie et renforcer sa compétitivité ? Tel était le thème débattu lors d’un petit-déjeuner débat coorganisé par la Chambre de commerce tuniso-britannique (TBCC) et celle tuniso-américaine (AmCham).
Cette rencontre, placée sous le thème : “Tourisme de santé en Tunisie : opportunités et défis”, a été présidée par la Ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, en présence d’une assistance composée essentiellement des acteurs du métier et en marge de laquelle ils ont fait part de leurs observations, leurs critiques et, notamment, leurs propositions quant à la relance du secteur.
D’entrée de jeu, évoquant les relations entre la Tunisie et la Grande-Bretagne, Mehdi Ben Abdallah, Président de la TBCC, a rappelé les deux récentes visites du Ministre des Affaires étrangères britannique et du Maire de Londres à Tunis. Poursuivant dans la même lancée, il a indiqué que la levée de l’interdiction de voyager vers la Tunisie par les autorités britanniques pourrait envoyer un signal fort au reste du monde.
« Le tourisme médical de santé et de bien-être est l’un des créneaux porteurs et la Tunisie dispose de plusieurs atouts qui garantissent la réussite de cette activité dont notamment un potentiel important de compétences d’un niveau international, des centres de thalassothérapie, de chirurgie esthétique, de chirurgie ophtalmologique et de chirurgie cardiovasculaire de renommée internationale, des sources thermales dont les bienfaits thérapeutiques sont confirmés, un rapport qualité/prix et des prestations très compétitives, une industrie de fabrication d’équipements sanitaires et des produits de soins de bonne qualité », telle a été l’entame de l’allocution prononcée par Madame la Ministre du Tourisme et de l’Artisanat lors de son intervention.
La ministre a, dans le même cadre, déclaré que son département a mis en place une structure spécialisée dans le tourisme médical, et qui a déjà entamé l’examen de la certification des centres de thalassothérapie. Le Ministère du Tourisme a, parallèlement, adopté avec celui de la Santé, une note d’orientation relative à l’accueil des touristes demandeurs de soins en Tunisie. Ces décisions seront un vrai gage de réussite du secteur et de la destination tunisienne, selon la ministre.
« Drainant, chaque année, près de 500.000 patients et générant des recettes estimées à un milliard de dinars en devises pour le pays », a déclaré Madame Rekik, le secteur du tourisme de santé en Tunisie a besoin d’être préservé étant donné, également, qu’il contribue à la diversification des produits et des marchés touristiques. Toujours dans la même stratégie visant à renforcer la destination tunisienne en matière de tourisme médical, la ministre a fait remarquer que le tourisme destiné aux retraités assistés, comme ceux atteints de la maladie d’Alzheimer, est une niche importante. Ajoutant qu’ « en Europe, il y a un manque criant dans ce type de service bien que ces personnes bénéficient d’une prise en charge de l’Etat.
C’est une opportunité à saisir en Tunisie quand des hôtels mis dans des zones balnéaires en 3ème ou 4ème position et qui n’ont jamais fonctionné se reconvertissent en des centres d’accueil des retraités assistés ». Cette proposition a été notamment soutenue par Amor Dehissy, vice-président de la Fédération interprofessionnelle du Tourisme en Tunisie, qui a évoqué que le manque de disponibilité en Europe dans les maisons de retraite représente une réelle opportunité à saisir.
Il a, à cet effet, expliqué que « si l’on consacre 20% de la capacité hôtelière à la retraite médicalisée, cela représenterait 40.000 lits pour 40.000 retraités qui séjourneraient tout au long de l’année en Tunisie, et cela générerait jusqu’à 2 milliards de dinars de recettes et créerait 50.000 nouveaux emplois ». De son côté, Amor Dehissy, vice-président de la Fédération interprofessionnelle du Tourisme en Tunisie, a affirmé que « la Tunisie offre différentes possibilités de collaboration avec des entreprises anglaises d’assurances ou de retraite en offrant la possibilité à leurs assurés d’accéder à une qualité de soins comparable à celle de leur pays et, qui plus est, à un prix abordable ».
Sans pour autant négliger l’importance des autres nationalités en quête de compétences et de services tunisiens, M. Dehissy a fait savoir, selon une étude élaborée par la BAD qu’il a présentée par la même occasion, que le nombre de patients étrangers qui sont venus se soigner en Tunisie, en 2013, était de 376 mille patients générant plus de 1MDT au cours de la même année.
M. Dehissy a ajouté que «les Libyens constituent 88,4% des patients dans les cliniques privées tunisiennes, suivis des Algériens (2,9%), des Africains subsahariens (2,7%) et des Européens (2%) ». Des résultats qui prouvent, encore une fois, que le secteur est en nette évolution et que la Tunisie caracole en tête parmi les pays les plus sollicités pour leurs prestations de tourisme médical dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena).
VLors de son intervention, Mehdi Ben Abdallah a estimé que « le secteur du tourisme en Tunisie ne doit pas s’orienter essentiellement vers le tourisme de santé et qu’il est nécessaire de repenser à une approche plus large qui englobe le tourisme médical, le tourisme de bien-être, la retraite médicalisée et la e-médecine ». Et d’ajouter : « Il est temps de repenser le tourisme tunisien surtout que le tourisme médical est en essor dans le monde, notamment quand on prévoit une croissance de 25% dans les dix prochaines années, selon l’Oxford Economic Magazine ». Ben Abdallah a appelé, dans le même cadre, à profiter de cette situation étant donné que la Tunisie dispose d’importantes compétences médicales.