Yahya Bouhlel, fondateur et CEO de GoMyCode
Ce n’est pas rare de voir défiler, sur nos pages, les portraits de brillants visionnaires qui, depuis des décennies, n’ont cessé d’innover. Cette fois-ci, en revanche, notre invité ne pourra réclamer un tel exploit, du moins pour le moment. Et pour raison : toute son existence a démarré depuis 19 petites années. Pourtant, il a déjà réalisé l’essentiel : une entreprise profitable avec un business modèle prometteur. Yahia Bouhlel est CEO de GoMyCode, une startup qu’il a fondé depuis moins d’une année. Il s’agit d’une “école” spécialisée dans la programmation et les nouvelles technologies.
L’apprentissage à l’ère post-école
Le succès de cette jeune pousse prouve, encore une fois, les défaillances, non seulement des cursus, mais de tout le système éducatif. L’école, cette bulle hermétique sans rapport aucun avec la réalité, ne sert — à quelques exceptions faites — qu’à produire des chômeurs.
Ici, pas de profs ni de cours. Après quelques séances d’initiation au monde de la programmation, les jeunes étudiants commencent par créer un clone fonctionnel de leur service préféré (Instagram, Twitter, Flappy Birds, …). Troisième étape : créer un projet original et le lancer sur le marché.
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Cependant, les étudiants ne sont pas seuls. Ils sont guidés par des instructeurs dont la mission est de les aider à bien maîtriser les thématiques. Il s’agit souvent de développeurs expérimentés et chaque instructeur est chargé d’au maximum 8 étudiants.
Apprendre par la pratique, comme vous le savez, est très efficace.
De Tunis à la Silicon Valley …
Yahya, très attiré par les jeux vidéos, a voulu créer son propre game : “Je ne me rappelle plus pourquoi je l’ai fait. Mais je sais très bien comment je l’ai fait : j’ai commencé à googler!” Depuis, il n’a pas arrêté d’apprendre et d’améliorer ses skills.
Un jour, il découvre un article annonçant la disponibilité de stages auprès d’une startup de jeux vidéos … à la Silicone Valley ! Il a postulé et s’est trouvé à 16 ans à la mecque des développeurs.
“C’était le grand choc culturel ! J’ai rencontré des jeunes de 14 et 15 ans qui sont déjà d’excellents développeurs. Des entrepreneurs de 19 ans réalisaient des levées de fonds en millions de dollars ! J’ai découvert qu’on était très loin de ce qui se passe dans le monde. J’ai donc doublé mes efforts avant de pouvoir compenser la différence.” Depuis, notre jeune tunisien a développé l’habitude de passer son été en stage à San Francisco.
… et de la Silicon Valley à Tunis
“J’ai voulu partager mon expérience avec mes compatriotes lors d’un speech que j’ai donné à DroidCon. À ma surprise, j’ai découvert un grand engouement de la part des présents. Les gens m’attendaient à la fin de mon speech pour me demander comment j’ai fait pour apprendre à coder. Depuis, j’ai décidé d’organiser un bootcamp pour initier les jeunes à la programmation. Et j’ai travaillé sur ce projet des mois durant”.
Fort heureusement, ces efforts n’étaient pas vains : une quarantaine de personnes ont participé à ce premier rendez-vous.
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“C’était dur. J’ai dû les convaincre un à un pour venir, durant l’été, passer trois semaines à apprendre la programmation. J’étais très content de voir des jeunes de Sousse, de Sfax et de plusieurs autres régions présents avec nous ici, au Cogite.”
L’idée de créer tout un programme de formation tout au long de l’année a donc vu le jour. Aujourd’hui, le Part Time Coding permet aux élèves et étudiants d’apprendre à développer pendant les weekends.
“Notre but est de voir nos étudiants réussir à créer des produits qui arrivent à concurrencer ceux de la Silicon Valley.”