Le week-end a été marqué par le démarrage officiel d’un nouveau grand marché unique : la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF). Cet espace de commerce a bénéficié de la ratification de 27 pays et de la signature de 54 pays du continent. La Tunisie fait partie des pays signataires et devrait bénéficier de cette nouvelle communauté économique.
Le point le plus important dans cet accord est la suppression des droits de douane pour 97% des produits d’origine africaine. Toutefois, cette libéralisation sera progressive. Le rythme le plus rapide toucherait 90% des produits sur une période de 5 ans pour les pays les plus développés du continent, et sur 10 pour les pays les moins avancés (PMA).
7% des produits, considérés plus sensibles, bénéficiant d’une durée beaucoup plus longue. Enfin, 3% de produits seront totalement exclus de cette déréglementation. Les pays signataires se sont mis d’accord sur le principe de se réunir tous les 5 ans afin d’évaluer cette expérience et probablement statuer à nouveau sur les produits qui seront exclus ou inclus dans cet accord. C’est une étape importante vers l’intégration des pays du continent et la création de la Communauté Économique Africaine, l’objectif majeur de l’Agenda 2063.
Mais certainement, et comme tout accord de ce genre, il y aura bien des gagnants et des perdants, et la Tunisie doit tout faire pour faire partie du premier groupe. Dans l’état actuel, nous avons une avancée considérable dans plusieurs secteurs et nous pouvons bénéficier pleinement de ces marchés.
Mais à long terme, ce n’est pas gagné. Il faut se rappeler que nous parlons d’un vrai espace économique ouvert, et donc il y a des flux d’investissements étrangers importants en jeu. Naturellement, ces capitaux vont s’orienter vers les marchés qui offrent un climat d’affaires attractif, y compris le marché du travail, un domaine où la Tunisie est loin d’être un exemple en termes de flexibilité.
De plus, nous ne disposons pas des moyens logistiques suffisants pour être présents sur ces marchés. Nos banques n’ont pas de succursales africaines, ce qui rend difficile le financement de projets pour nos grands groupes. Agissons vite avant que nous payions cher le prix de notre politique réticente, durant des décennies, vis-à-vis du continent.