Malgré une forte proximité géographique, linguistique et culturelle, ainsi qu’une complémentarité commerciale évidente, les exportations tunisiennes vers le marché algérien peinent à décoller, ne dépassant pas 3% du total des biens exportés par la Tunisie au cours de la dernière décennie. C’est ce que révèle une nouvelle analyse de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ).
L’indice de complémentarité, un indicateur clé mesurant l’adéquation entre l’offre d’exportation d’un pays et la demande d’importation d’un autre, atteint en moyenne 42% entre la Tunisie et l’Algérie sur la période 2011-2021. Bien que ce chiffre soit légèrement inférieur à ceux observés avec les partenaires européens majeurs de la Tunisie (France: 57%, Allemagne: 60%, Italie: 51%), il confirme une base solide pour des échanges plus intenses.
Par ailleurs, la Tunisie montre une bonne compétitivité sur certains produits, où elle dispose d’un avantage comparatif et occupe des positions respectables à l’échelle mondiale. C’est le cas de la chimie minérale de base (2e fournisseur de l’Algérie), du verre (4e) et des instruments de mesure (8e), qui affichent des parts de marché significatives.
L’ITCEQ estime le potentiel global d’exportation de la Tunisie sur le marché algérien à 442 millions de dollars, avec un taux de réalisation actuel de 67%. Cela signifie qu’une marge de croissance existe. Une analyse plus fine par le Centre du commerce international (CCI) suggère que le potentiel inexploité pourrait atteindre jusqu’à 63% du potentiel total d’ici 2029, si la Tunisie parvenait à cibler des niches de produits spécifiques.
L’étude identifie cinq groupes de produits clés où le potentiel inexploité est le plus élevé:
- Machinerie, électricité et électronique: ce secteur représente près de 23% du potentiel total et 28% du potentiel inexploité.
- Vêtements et chaussures: ces groupes se distinguent par les potentiels inexploités les plus importants, atteignant 97% du total à exploiter pour les deux catégories, suggérant une opportunité majeure à saisir.
- Produits chimiques.
- Optique, horlogerie et instruments médicaux.
- Ouvrages en plastique et caoutchouc.
À l’inverse, des secteurs comme les engrais, les métaux, les huiles et graisses végétales, ainsi que les articles en verre, affichent des taux de potentiel inexploité très faibles (respectivement 99%, 95%, 92% et 84% de réalisation), indiquant que la Tunisie exploite déjà très bien ces créneaux.