À partir du 1e février 2025, les États‑Unis ont commencé à renforcer leur tournant protectionniste en instaurant, par une série de décrets, des droits de douane de 25 % sur la majorité des importations en provenance du Canada et du Mexique, avant d’étendre ces mesures à quelque soixante autres pays. Pour tous ces pays, un tarif de base de 10 % s’applique désormais aux exportations vers les États‑Unis, assorti, pour certains, de surtaxes additionnelles notables.
La Tunisie, ciblée par cette riposte commerciale, fait l’objet d’un tarif réciproque « discounted » de 28 %, calculé sur la base d’un déficit commercial américain de 55 % avec ce pays (1,1 Md$ d’exportations tunisiennes vers les États‑Unis contre 0,5 Md$ d’importations). Cette mesure s’inscrit dans un contexte où un tiers des importations tunisiennes en provenance des États‑Unis est constitué de produits alimentaires exonérés de droits, tandis que les deux tiers restants, essentiellement des biens industriels, sont soumis à taxation.
Une note d’analyse récente de l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprises) révèle que sur le plan macroéconomique, la Tunisie compense en partie ce déficit commercial par des envois de fonds de la diaspora, évalués à 8 milliards de dinars par an, dont la croissance pourrait cependant ralentir en raison de la contraction économique dans les pays d’accueil.
Par ailleurs, la persistance d’un déficit courant reprenant une trajectoire ascendante, après avoir été limité à environ 2 % du PIB en 2024, s’explique par un net déséquilibre des flux de capitaux extérieurs de moyen et long terme, les remboursements de prêts excédant les nouveaux emprunts. Cette situation fragile alourdit la tâche de financement extérieur de la Tunisie à un moment où les conditions mondiales de crédit se resserrent.