Le conseil d’administration de la Banque centrale, tenu le 5 février 2025, a décidé de maintenir son taux directeur à 8%. La décision a été prise sur la base d’un ensemble de facteurs. Il y a d’abord une inflation sous-jacente de 5,5% en décembre 2024, toujours élevée mais en décélération continue, grâce à la baisse notable de l’inflation des produits alimentaires transformés à prix libres (+1,1% en décembre 2024 contre 2,4% au mois de novembre et 14,5% un an auparavant). Cette évolution traduit l’effet de la baisse quasi généralisée des prix internationaux des produits alimentaires de base et particulièrement de ceux de l’huile d’olive. Le point inquiétant demeure les produits alimentaires frais, à 12,6% fin décembre 2024. La pression continue également pour d’autres produits comme la volaille et les viandes rouges. Le conseil considère que les perspectives de l’inflation demeurent encore entourées de risques haussiers.
Le secteur extérieur est marqué par un déficit commercial important, mais la balance courante demeure soutenue par la balance des services et des revenus des facteurs. Le déficit courant s’est réduit à – 2 748 MTND, soit -1,7% du PIB contre 3 484 MTND fin 2023 (-2,3% du PIB). Hors énergie, la balance courante a dégagé un excédent qui s’est établi à +8 122 MTND en 2024 contre +6 182 MTND en 2023.
L’amélioration de la situation du secteur extérieur a permis la reconstitution des réserves de change au terme de l’année 2024. Ces dernières ont totalisé 27 332 MTND (ou 121 jours d’importation) à fin décembre 2024, et ce, avant de revenir à 23 266 MTND (ou 103 jours d’importation) à la date du 4 février 2025 à la suite, principalement, du remboursement d’une échéance importante au titre du service de la dette publique extérieure. Globalement, le conseil d’administration de la Banque centrale a estimé qu’il est nécessaire de continuer à soutenir le processus désinflationniste au cours de la période à venir.
De notre côté, nous réitérons notre avis que cette décision est, économiquement, la meilleure. En attendant les chiffres de l’inflation de ce mois de janvier, les hausses salariales récentes, qui ont ajouté un pouvoir d’achat additionnel, sont un facteur qui soutient la consommation des matières alimentaires de base, le moteur de la hausse des prix. Le mois de Ramadan est dans quelques semaines et il faut bien faire attention aux prix qui augmentent à cette occasion. La période des fêtes, fin mars, va connaître une hausse de la masse des billets et monnaie en circulation comme chaque année, ce qui alimente l’inflation. De plus, nous devons soutenir le dinar durant les prochains mois, le temps que les avoirs nets en devises se renforcent. Une fenêtre serait ouverte à partir de la seconde moitié de l’année pour une baisse significative (supérieure à 100 points de base) du taux directeur.