Selon une étude publiée le 21 août 2018, par le think tank français l’Institut Sapiens, 5 métiers seraient fortement menacés de disparition, du fait de l’accélération technologique, et plus particulièrement du développement de l’intelligence artificielle. Les métiers retenus sont ceux qui sont à la fois directement remis en question par une technologie et qui ont vu leurs effectifs diminuer depuis 30 ans.
Ainsi, selon les estimations de l’institut “ce sont près de 2,1 millions d’actifs concentrés dans ces 5 métiers qui ont une forte probabilité de voir leur emploi disparaître dans les prochaines années”.
Employés de banque et d’assurance
Selon le rapport, le développement des Fintech bouleverse un secteur qui était jusque-là relativement protégé. Les effectifs assimilés au métier d’employés de la banque et des assurances (principalement les agents des guichets, les téléconseillers, les employés de services techniques et les commerciaux) ont connu une perte de 39% entre 1986 et 2016, alors que la population active a progressé de 21% sur la période. “La banque et les assurances ne comptent plus que 253 000 employés, contre 323 000 en 1986. Elle risque, selon nos estimations, de n’en compter plus aucun d’ici 2038 à 2051, soit une véritable extinction prochaine et rapide d’un métier qui embauchait encore près de 2% de la population active il y a 30 ans” peut-on lire dans le rapport.
Employés de la comptabilité
Depuis 2004, les effectifs d’employés de comptabilité ont diminué de près de 23% pour atteindre 300 000 actifs, ce qui s’explique par le développement de logiciels destinés à la comptabilité. La tendance est depuis quelques années à l’externalisation du métier de comptable, à l’instar de celui de secrétaire, où celui-ci est partagé entre plusieurs entreprises afin de mieux en réduire le coût. La seconde vague de diminutions aura comme origine la technologie, où des logiciels intelligents dédiés pourront ainsi effectuer les tâches comptables sans intervention humaine. “La période d’extinction que nous avons estimé relève d’un constat terrible pour cette profession : les jeunes étant actuellement en formation de comptable ne pourront exercer ce métier toute leur vie, et seront obligés de se réorienter et donc suivre une nouvelle formation au cours de leur carrière” indique l’étude.
Secrétaires bureautiques et de direction
La diffusion et la massification de technologies bureautiques accessibles à tous a entraîné une baisse de 26% des effectifs, les faisant passer de 765 000 en 1986 à 560 000 aujourd’hui. “Outre le volet technologique qui permet à une innovation de se substituer dans ce cas à un actif, on observe également depuis quelques années la plateformisation de ce métier, c’est-à-dire qu’il n’est plus exercé au sein même des entreprises, mais qu’il est externalisé vers des prestataires de services mutualisant ces actifs et offrant à leurs clients la possibilité de faire appel à eux de manière ponctuelle”.
Caissiers et employés de libre-service
De nombreuses diminutions d’emplois concernent le métier de caissier et employé de libre-service, principalement sous l’effet de la robotisation. Les caisses automatiques qui permettent de diminuer drastiquement la masse salariale fleurissent depuis plusieurs années dans les supermarchés. Pour le client, ces automates permettent également un gain de temps pour le passage en caisse, facilitant son adoption. Selon les indications du rapport, les effectifs ont progressé de 25% entre 1986 et 2004, passant de 255 000 actifs à 319 000 sur la période, une augmentation que l’on impute à la multiplication des grandes surfaces sur notre territoire, passant sur la période de 600 à 14003. Depuis, les effectifs ont diminué de 15% pour atteindre un total de 270 000 actifs en 2016.
Ouvriers de la manutention
Le métier de manutentionnaire, combinant celui des ouvriers qualifiés et non qualifiés de la manutention semble en voie de disparition : depuis 1986, ses effectifs ont fondu de plus de 17% pour atteindre 675 000 actifs contre 811 000 il y a 30 ans. Leur poids dans l’emploi total est quant à lui passé de 4,1% à 2,7% entre 1986 et 2016. La plus forte baisse des effectifs de ce métier a lieu depuis 2006, depuis l’introduction de technologies permettant de déplacer de lourdes charges. Parmi elles, citons notamment les robots manutentionnaires utilisés par exemple dans les entrepôts des géants du e-commerce, qui permettent une plus grande productivité. Baidu, le géant du e-commerce chinois, emploie 60 robots dans ses entrepôts, qui peuvent chacun porter jusqu’à 500 kilos de marchandises, en fonctionnant sans arrêt. Ils ont permis une progression de la productivité de plus de 300%.”
Outre ces cinq familles de métiers, l’Institut annonce que le métier de conducteur de véhicules est fortement menacé par l’émergence du véhicule autonome, ainsi que le métier d’agriculteur, “qui s’explique à la fois par une crise des vocations et une forte mécanisation du métier nécessitant moins de main-d’œuvre pour réaliser les mêmes tâches”.
Tout comme des métiers disparaîtront, d’autres verront le jour. La MIT Technology Review a dévoilé une liste des 5 métiers qui émergeront dès cette année et qui pourront employer de nombreuses personnes : technicien en énergie renouvelable, coach pour machines, ingénieur en intelligence artificielle, vidéaste pour jeux-vidéos, et soignant.