L’industrie automobile, moteur de l’économie mondiale pendant des décennies, traverse une crise sans précédent en Europe. Alors que le secteur s’efforce de concilier tradition et transition vers l’électrique, les petits et grands fournisseurs subissent de plein fouet les répercussions économiques, menaçant des milliers d’emplois et la stabilité des chaînes d’approvisionnement.
Symbole de résilience industrielle, la société allemande Gerhardi Kunststofftechnik, fondée en 1796, a résisté à des épreuves historiques telles que les guerres mondiales et le krach de 1929. Pourtant, cette entreprise spécialisée dans les composants plastiques pour des marques prestigieuses comme Mercedes-Benz a déposé le bilan en novembre 2024. L’effondrement de cette société emblématique reflète la détérioration de tout un écosystème.
Avec 1 500 emplois perdus, Gerhardi incarne les défis auxquels font face les petites et moyennes entreprises, colonne vertébrale de l’industrie automobile européenne. L’augmentation des coûts et la baisse de la demande ont scellé leur sort, malgré leur rôle crucial dans les chaînes de production.
Selon un rapport de Bloomberg, des centaines de fournisseurs européens sont en grande difficulté. La baisse des ventes de véhicules traditionnels et les retards dans l’adoption massive des voitures électriques sont au cœur de cette crise. Parmi les entreprises les plus touchées figure l’équipementier français Forvia, fournisseur de Volkswagen et Stellantis, qui a réduit des milliers de postes en réponse à la chute des commandes pour les systèmes d’échappement et de transmission.
Même les entreprises axées sur les véhicules électriques, comme le fabricant de batteries suédois Northvolt, subissent des revers. Northvolt a annoncé son insolvabilité aux États-Unis, tandis que 11 des 16 projets de production de batteries en Europe ont été suspendus ou abandonnés.
En 2024, l’Association européenne des fournisseurs de l’automobile (Clepa) a recensé la suppression de 53 300 emplois dans le secteur, un chiffre qui dépasse les pertes enregistrées lors de la pandémie de Covid-19. L’Allemagne, moteur économique de l’Europe, est particulièrement touchée.
Matthias Zink, président de la Clepa, a déclaré: «Les investissements massifs dans l’électrique, basés sur des projections optimistes, n’ont pas encore porté leurs fruits, aggravant la situation financière des fournisseurs». Selon des projections, 20% des fournisseurs de l’automobile pourraient enregistrer des pertes en 2025.
Si la transition vers les véhicules électriques est incontournable, l’avenir de l’industrie automobile dépendra de sa capacité à surmonter cette période de turbulences tout en préservant ses acteurs essentiels.
Cette crise marque un tournant historique pour un secteur autrefois symbole de prospérité économique.