D’emblée, Habib Karaouli a planté le décor. Il s’agit de “la poursuite d’une opportunité au-delà des ressources que vous contrôlez”, paraphrasant le professeur Howard Stevenson qui définissait l’entrepreneuriat.
Pour se développer, l’entrepreneuriat a donc besoin d’un environnement économique, institutionnel, légal, réglementaire et culturel adéquat. Il “nécessite une économie non-administrée où la liberté d’entreprendre est garantie”, affirme Habib Karaouli.
Le contexte tunisien, en revanche, est marqué par l’absence d’un tel environnement. Le banquier d’affaires estime, par exemple, que la Constitution tunisienne “ne garantit pas malheureusement la liberté d’entreprendre”. Selon lui, il y a également un problème au niveau de la “stabilité du cadre réglementaire et juridique”.
La réussite de l’entrepreneuriat dépend aussi de l’existence de mécanismes de financement outre le crédit bancaire. De toute évidence, ce dernier n’est pas “l’instrument financier le plus adéquat”. Pourtant, en Tunisie, 96% des financements des PME/PMI sont bancaires. Créer un environnement propice à l’entrepreneuriat requiert donc la présence de fonds d’investissement publics et de structures d’accompagnement efficaces et efficientes.
L’environnement: condition nécessaire, mais aussi pas suffisante
Mettre en place un environnement moins hostile à l’initiative privée n’est qu’une première étape qui doit être complétée par le développement d’une culture de l’entrepreneuriat, déclare Habib Karaouli. Et d’ajouter : “Entreprendre est un acte d’engagement fort qui nécessite souffle et endurance pour franchir des obstacles de tout ordre”. “Entreprendre nécessite l’orgueil, l’envie, le besoin, l’ambition, l’ego, la revanche, l’appât du gain, le défi et la compensation”, insiste-t-il avec force conviction.
Pour réussir l’acte d’entreprendre, il ne faut surtout pas redouter l’échec. Et pour métaphore : il n’y a pas d’ascenseur pour le succès, il faut prendre les escaliers. “Le contexte en Tunisie est marqué par la faiblesse d’initiatives. Il y a un déficit de prise de risques parce que nous sommes dans un contexte culturel “risquophobe” où l’échec n’est pas souvent pardonné. Dans plusieurs cas, la réussite est suspecte et elle est rarement attribuée à l’ardeur, l’effort, aux compétences ou à l’effort déployé”, regrette Habib Karaouli.
Il est alors insensé de traiter l’entrepreneuriat comme “une solution de rechange, un substitut au salariat et encore moins une alternative au chômage”, comme aiment l’annoncer, pas toujours à bon escient, les politiciens. “Souvent, le concept d’entrepreneuriat subit un glissement de sens pour devenir la panacée censée résoudre les problèmes d’une croissance moins riche en emplois”, déplore le PDG de Cap Bank.