La Banque africaine de développement pense sérieusement à ce que le continent se dote de sa propre agence de notation de crédit pour évaluer correctement les risques des différents pays. Plusieurs gouvernements estiment que les grandes sociétés internationales de rating ont une perception erronée du risque africain.
L’Afrique n’est pas plus risquée qu’une autre partie du monde et la perception actuelle n’est pas la réalité. Il y a de grandes opportunités d’investissement mais qui sont sanctionnées par une mauvaise évaluation des risques. Les critiques accusent depuis longtemps les grandes agences internationales de notation de crédit de noter l’Afrique plus sévèrement que d’autres régions. Certains vont plus loin, en disant qu’elles ne consultent pas suffisamment les parties prenantes et manquent d’indépendance et d’objectivité.
Selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement, les pays africains pourraient économiser jusqu’à 74,5 milliards de dollars si les notations de crédit étaient fondées sur des évaluations moins subjectives.
Une étude réalisée en 2020 par Moody’s Analytics a montré que l’Afrique présentait le risque de défaillance le plus faible en matière d’infrastructures parmi les principales régions. Les pays sont injustement notés sur la base d’événements survenus dans des régions totalement différentes du continent.
Des démarches sont donc en cours pour créer une institution africaine capable de rivaliser avec les acteurs internationaux dominants. Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, une agence spécialisée de l’Union africaine, a annoncé son intention de lancer une agence africaine de notation de crédit (AfCRA) d’ici à la fin de l’année, après plusieurs années d’études de faisabilité et de déclarations.
L’AfCRA pourrait s’inspirer de l’expérience de la Chine, qui compte 52 agences de notation nationales, dont certaines évaluent même les pays africains. C’est le cas de l’agence de notation chinoise Dagong qui note le Botswana et le Nigeria.
Une telle institution sera une bonne nouvelle pour la Tunisie, dont les faits ont montré qu’elle est injustement notée par Moody’s et Fitch Ratings. Les modèles ne devraient pas différer côté quantitatif, mais ce sont les pondérations qui changeraient, avec un accent plus faible sur les questions politiques. Reste le poids d’un tel rating souverain sur les marchés. Est-ce qu’il pourra valoir au moins autant que l’avis de S&P ou Moody’s? Nous en doutons fort, surtout à court terme.