Le Groupe d’action financière internationale (GAFI), avec lequel nous avons des souvenirs, a retiré vendredi dernier la Turquie de la liste des pays nécessitant une surveillance particulière en raison de problèmes de blanchiment d’argent, ou sa fameuse liste grise. Le pays y figurait depuis 2021, accusé de ne pas avoir supervisé ses secteurs bancaire et immobilier et d’autres secteurs de blanchiment d’argent et de financement d’organisations telles que l’État islamique en Irak et en Syrie.
Le GAFI a déclaré dans un communiqué que la Turquie avait fait des progrès significatifs pour combler ces lacunes. Les autorités turques se sont félicitées de cette évolution qui renforcera la confiance des investisseurs internationaux dans le système financier du pays et aura des retombées positives sur le secteur réel. Être sous une surveillance accrue par le GAFI avait contribué à la paralysie de l’économie locale ces dernières années.
Le retard du gouvernement à prendre rapidement les mesures nécessaires était lié à la loi d’amnistie sur la fortune promulguée en juillet 2022. Selon cette loi, les particuliers et les entités avaient jusqu’au 31 mars 2023 pour faire entrer dans le pays, depuis l’étranger, de l’argent liquide, de l’or et d’autres richesses en capital qui n’avaient pas été déclarées auprès des autorités turques. Le projet de loi n’autorise, en aucun cas, un audit ou une enquête sur ces actifs, offrant ainsi une immunité totale aux blanchisseurs d’argent, aux trafiquants de drogue et aux autres personnes qui transfèrent leurs richesses en Turquie. Ceux qui font déjà l’objet d’une enquête de la part des auditeurs du gouvernement peuvent également exploiter cette loi s’ils prétendent que la richesse faisant l’objet de l’audit a été obtenue grâce à de tels transferts. L’objectif était d’attirer un maximum d’argent possible en devises vers un pays dont la monnaie locale a été massacrée face au billet vert et à la monnaie unique.
Pratiquement, le gouvernement turc a pris une longue série de mesures pour réussir sa mission. La dernière, la plus importante d’ailleurs, a été la promulgation d’une législation sur les crypto-monnaies. Cela était un passage obligatoire, car tous les rapports avaient indiqué que les groupes terroristes dans la région ont eu recours à des intermédiaires en Turquie, à des applis de transfert de fonds et à des crypto-monnaies pour financer leurs activités.
Les fournisseurs de services de cryptoactifs opérationnels devront demander une licence d’exploitation auprès du régulateur dans un délai d’un mois à compter de la date d’entrée en vigueur de la loi. Les entreprises étrangères devront également cesser leurs activités dirigées vers les résidents de Turquie dans un délai de trois mois, sous peine d’être classées comme fournisseurs de services de crypto-monnaies non autorisés.
En cas de non-respect, ces fournisseurs de services seront tenus pour responsables des activités illégales et des violations de la sécurité de l’information. En outre, les membres de leurs conseils d’administration seront également soumis aux dispositions relatives au détournement de fonds.
Nous pouvons dire qu’Ankara a accepté de sacrifier cette activité, qui pèse 170 milliards de dollars en termes de volume de transactions, pour quitter la liste. Un choix qui ne devrait pas plaire aux jeunes et à plusieurs investisseurs en Bitcoin.