Dans le contexte de la succession de chocs et de crises soulignant l’importance d’améliorer la compétitivité du secteur industriel pour renforcer la résilience et assurer la sécurité et la souveraineté économiques, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a organisé la huitième édition du “Tunisia Economic Forum”, lundi 3 juin, à la Maison de l’Entreprise sur le thème “L’industrie tunisienne: modernisation et relance”.
Amine Ben Ayed, président de l’IACE Tunisie, a pris la parole pour souligner qu’historiquement l’industrie a longtemps joué un rôle crucial dans la création d’emplois. Depuis la révolution, cependant, l’industrie stagne malgré son poids important dans l’économie. Il a insisté sur la nécessité de moderniser ce secteur, soulignant que peu de nouveaux projets émergent dans de nombreux domaines.
Il a ajouté que, malgré les difficultés rencontrées depuis 2011, la Tunisie continue d’attirer des investisseurs. Sa proximité géographique avec l’Europe représente un grand avantage. Il a conclu en disant: “Qui dit industrie, dit économie”.
Présente à l’évènement, Fatma Thabet Chiboub, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, a présenté le secteur industriel en chiffres. Selon elle, le nombre d’entreprises est 4702, dont 2.111 sont de très petites entreprises et le nombre d’emplois est d’environ 534 mille. Le secteur industriel représente environ 15% du PIB, et le taux moyen d’évolution est de 5,3%.
L’industrie manufacturière emploie environ 20% de la population active occupée, et ses exportations constituent 90% du total des exportations, dont environ 80% sont destinées à l’Europe.
Le secteur du cuir et des chaussures possède le plus grand nombre d’entreprises (2 700, dont 2000 artisans). Elle a révélé qu’un pacte de PPP pour la promotion de la compétitivité du secteur à l’horizon 2030 est en cours de réalisation.
Elle déclare aussi que les Tunisiens sont appréciés dans les pays développés grâce à leurs compétences professionnelles, et que la Tunisie se positionne dans l’industrie comme un pays très compétitif, mais on peut encore s’améliorer. Elle a aussi expliqué que le sentiment anti-immigration en Europe peut être un atout pour la Tunisie, car cela l’aidera à garder ses compétences au lieu de les exporter à l’étranger.
Nafaa Ennaifer, membre du comité directeur de l’IACE, a expliqué qu’il est nécessaire d’être en mesure de capter les opportunités et qu’il faut résoudre les vrais problèmes existants qui nous handicapent et qui nous tirent vers le bas.
L’évènement a inclus également une vidéo dans laquelle Omar Bouzouada, directeur général de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII), a expliqué que la transition digitale est nécessaire. C’est ici que Mhamed Ben Abid, responsable du climat des affaires au sein du ministère de l’Économie, est intervenu pour révéler les problèmes qui sont perçus par les investisseurs, et qui entravent le climat des affaires.
Ces problèmes sont le cadre réglementaire, juridique et administratif inadapté, un manque de confiance entre privé et public, l’interopérabilité, une offre de financement non inclusive, des problèmes de gouvernance dans les administrations, un ciblage des incitations fiscales et financières peu efficace, des procédures administratives contraignantes et la complexité et l’instabilité des textes réglementaires.
Le programme a inclus aussi une vidéo réalisée par le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, qui a informé que la Tunisie est la 3e pays en Afrique en termes de connectivité, et le premier en Afrique du Nord dans la compétitivité, et la stratégie horizon 2035 vise à transformer la Tunisie en un pays de l’intelligence artificielle et de la robotique.
C’est dans ce cadre que Wrida Chalouati, directrice au ministère de l’Industrie, a détaillé les leviers de la stratégie industrielle 2035. Il s’agit de mettre en place un environnement favorable au développement des investissements et des activités économiques, favoriser l’innovation et les transitions numérique, énergétique et écologique de l’industrie, donner un nouvel élan à l’internationalisation des entreprises, développer de nouvelles spécialisations verticales, rétablir l’image du pays et rehausser son attractivité.
L’évènement s’est conclu par la participation de Anis Marrakchi, économiste franco-tunisien, qui a expliqué le contexte international et l’impératif climatique qui ont amené un retour des politiques industrielles. Une des raisons est la multiplication des crises, notamment la crise financière de 2008, et plus récemment et la crise de Covid de 2020.