Dans un récent échange, lors du débat de la 25ème édition du Forum de l’Économiste maghrébin, Habib Karaouli, PDG de CAP Bank et président du Forum, souligne des idées profondes sur la perception du monde et les réalités économiques souvent négligées. Selon lui, la compréhension des illusions est cruciale pour dégager des voies vers un avenir prospère et équilibré. S’inspirant de la pensée d’Emmanuel Kant, il rappelle que voir le monde tel qu’il est implique de considérer les perspectives de l’autre plutôt que de se limiter à ses propres perceptions. L’expert économique attire l’attention sur un premier point crucial : l’Investissement Direct Étranger (IDE) ne remplace pas, mais complète les investissements domestiques. Sur ce, il est impératif de créer un environnement favorable aux affaires pour les investisseurs locaux avant de pouvoir attirer efficacement des investissements étrangers. “Cette progression, tirée de l’histoire économique, révèle que l’investissement public précède souvent l’investissement privé et étranger, soulignant ainsi l’importance du développement interne pour une croissance durable”, déclare-t-il.
Un second élément majeur mis en avant est la priorité des exportations de services avant celles de biens. Karaouli souligne l’urgence de promouvoir les exportations de services tunisiens vers d’autres régions, car cela peut conduire à des opportunités d’exportation de biens où le pays possède des avantages comparatifs évidents.
L’expert économique livre une analyse percutante sur la situation de l’investissement en Tunisie depuis la crise de 2008: une tendance à la décélération de l’investissement, voire même des désinvestissements, soulignant entre autres l’urgence d’actions concrètes pour revitaliser le secteur économique du pays. Dans ses propos, Habib Karaouli insiste sur le rôle crucial des pouvoirs publics dans la promotion de l’investissement domestique. Selon lui, les efforts déployés dans ce sens ne manqueront pas d’entraîner un développement de l’Investissement Direct Étranger (IDE), que ce soit par le biais de partenariats ou d’autres formes d’investissement international.
La Tunisie se retrouve actuellement avec des taux d’investissement parmi les plus bas jamais enregistrés, avoisinant seulement 12 %. Cependant, Karaouli reste optimiste quant aux perspectives d’avenir du pays, soulignant qu’avec les bonnes stratégies et une compréhension approfondie des enjeux, il est possible de renverser la tendance.
Il rappelle, par ailleurs, avec nostalgie les glorieuses années 70, où la Tunisie affichait des taux d’investissement dépassant les 37% et des taux d’épargne atteignant 24%. Une comparaison qui met en relief le potentiel inexploité du pays et la nécessité de retrouver cette dynamique de croissance économique. Pour Karaouli, le véritable défi réside dans la volonté politique, la compréhension des mécanismes économiques et la capacité à prendre des décisions éclairées pour stimuler l’investissement et relancer l’économie tunisienne. Il conclut en soulignant que le chemin vers un renouveau économique est accessible, pour peu que les bonnes mesures soient prises sans délai.
A fortiori, Karaouli, s’appuyant sur des données d’un bureau d’études anglais de 2003, souligne l’importance des États-Unis et de l’Inde en tant que destinations phares pour l’Investissement Direct Étranger (IDE), tandis que les pays africains, y compris l’Afrique du Sud, sont en retrait dans ces classements. Il insiste sur l’opportunité pour la Tunisie de s’inspirer de ces succès internationaux pour attirer à la fois l’IDE et les investissements nationaux, mettant en avant la nécessité de jouer sur ces déterminants pour stimuler l’économie du pays.
“Jouons sur les nôtres”
Il évoque également un aspect majeur pour requinquer les investissements en Tunisie: la présence de talents et de ressources compétentes dans le pays. Karaouli note que la question de la fiscalité et des taxes est reléguée à une position moins critique dans la prise de décision des investisseurs, se classant en 15e position selon les critères évoqués. “Jouons sur les nôtres”, exprime-t-il avec fierté. Il encourage ainsi à exploiter nos atouts spécifiques pour proposer des conditions de rémunération attrayantes aux investisseurs et à créer un environnement propice à l’investissement. Pour lui, l’investissement domestique est essentiel pour la croissance économique, mettant en avant les avantages compétitifs de la Tunisie dans des secteurs tels que la santé, l’enseignement supérieur privé, la formation, l’éducation et l’agroalimentaire. En conclusion, il insiste sur la nécessité de capitaliser sur ces points forts plutôt que de se risquer dans des domaines où le pays n’a pas de position avantageuse.
Pour voir la vidéo complète: