Les étrangers se font de plus en plus rares à la Bourse de Tunis. La semaine dernière, en cinq séances, ils n’ont acheté que 250 titres Sotipapier. Les acquisitions depuis le début de l’année se sont élevées à 275 804 Tnd seulement, soit une moyenne quotidienne de 9 510 Tnd. Côté ventes, le volume était plus important, de 14,645 Mtnd, soit une moyenne de 0,505 Mtnd par séance.
Les raisons de cette absence sont évidentes. Il y a toujours des incertitudes dans un marché qui manque de carburants et de catalyseurs. Les perspectives des profits des banques sont instables, avec l’instauration d’un impôt supplémentaire sur les bénéfices, l’application d’un solde sur certains services phares pour une année complète, la mise en place de nouvelles règles prudentielles et la limitation de distribution de dividendes. Tout cela s’ajoute à l’endettement direct de l’Etat auprès de la Banque centrale, ce qui signifie quelques dizaines de millions de dinars de moins dans le PNB. Tant que ce secteur sera sous pression, le marché actions ne pourra pas redémarrer.
Les poursuites judiciaires contre les dirigeants de plusieurs sociétés de la Cote pèsent aussi. Aujourd’hui, pas mal de directeurs généraux, en poste ou antérieurs, ou d’actionnaires de référence sont derrière les barreaux. La grande question que se pose une bonne partie des investisseurs est si ceux des entreprises dans lesquelles ils mettent leurs épargnes sont concernés ou non. Le fait que personne n’est plus au-dessus de la loi est quelque chose de positif pour le pays, mais il faut accompagner cela par plus de transparence de la part des entreprises et plus de rapidité dans la clôture des affaires par le système judiciaire.
Enfin, les évolutions des perspectives macroéconomiques pressent les valorisations. Théoriquement, éviter quelques dizaines de points de base supplémentaires dans l’inflation est quasiment impossible avec cette vanne que la Banque centrale va ouvrir au Trésor. Indépendamment de l’identité du gouverneur, réduire le taux d’intérêt directeur est une aventure non calculée dans les conditions actuelles. Cela conduit les analystes à tenir compte de taux d’actualisation élevés, réduisant les valorisations des titres et de leur potentiel à la hausse.
Tous ces facteurs sont pris en considération par les institutionnels étrangers, qui sont sensibles au moindre mauvais indicateur. A court terme, et hors une acquisition dans le cadre d’une transaction de bloc, leur intervention sur le marché actions resterait limitée.