La corruption et l’inefficacité bureaucratique demeurent le talon d’Achille du climat des affaires en Tunisie. C’est en partie ce qui freine les investissements étrangers, en particulier dans les projets liés aux travaux publics, selon le rapport de S&P paru en janvier 2024.
La corruption persiste malgré des efforts postrévolutionnaires en matière de lutte contre la corruption. Non seulement, elle constitue un obstacle à l’investissement étranger, mais engendre également des coûts supplémentaires pour les entreprises locales. A préciser que l’indice de perception de la corruption 2021 de Transparency International classe la Tunisie à la 70e place sur 180 pays, avec un score de 43.
Le rapport souligne qu’après la révolution, la propagation de la corruption s’est fait sentir et ne concerne pas uniquement les dirigeants politiques et économiques.
En effet, la mise en vigueur de la loi sur la réconciliation administrative en 2017 a renforcé chez les Tunisiens le sentiment que l’élite économique de l’ère Ben Ali est restée largement épargnée par la révolution, durcissant ainsi les attitudes nationales envers la corruption. La campagne présidentielle de 2019 a également vu le lancement d’un certain nombre d’enquêtes sur les pratiques au port de Radès et dans les bureaux de douane de l’aéroport. «Toutefois, ces efforts n’ont pas entraîné de changements radicaux», selon S&P Global. En juillet 2021, le président Kaïs Saïed a officieusement suspendu l’Agence nationale de lutte contre la corruption, une mesure susceptible d’accroître la perception de la corruption en Tunisie, selon le rapport.
L’infrastructure routière est un autre frein à l’investissement étranger. En fait, les principaux centres urbains de la Tunisie ne sont pas tous reliés par des autoroutes ou des voies rapides. Les trois autoroutes du pays, soumises à des frais de péage et à une limitation de vitesse à 110 km/h par beau temps, présentent des lacunes. L’autoroute principale reliant Tunis à Sfax nécessite des travaux d’extension jusqu’à la frontière libyenne. Bien que le tronçon M’saken-Sfax ait été opérationnel depuis 2008, des problèmes de financement ont entravé la construction du tronçon Sfax-Gabès, initialement prévue pour 2013.
Le secteur privé s’implique dans plusieurs projets visant à mobiliser les investissements nécessaires pour améliorer le réseau routier afin de faire face à la croissance annuelle de 9% de l’utilisation automobile. Les trois quarts du réseau routier tunisien environ sont revêtus de bitume, tandis que le reste est en terre ou en terre améliorée. Les services d’autobus et le système de chemin de fer léger à Tunis sont assurés par une société dépendant du gouvernement ainsi que par des opérateurs privés, sous la supervision du ministère des Transports, indique le rapport.