Afin de favoriser l’adoption des meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) en Tunisie, et ainsi faciliter l’accès au financement pour les entreprises du pays, l’IFC (International finance corporation) a conclu des accords de coopération avec trois partenaires clés. Ces partenaires comprennent la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), l’Institut tunisien des administrateurs (ITA) et Honoris Tunisie, un membre du réseau panafricain d’enseignement supérieur privé Honoris. Il est important de noter qu’Honoris Tunisie abrite l’Observatoire tunisien des femmes administrateurs, renforçant ainsi l’engagement en faveur de la diversité et de l’inclusion dans les instances décisionnelles.
«Nous sommes fiers de ce partenariat avec l’IFC, qui permettra de renforcer la capacité de la Bourse de Tunis en matière de reporting ESG et d’indices dédiés et de fournir une expertise de première main aux entreprises qui se sont portées volontaires pour élaborer leurs premiers rapports ESG», a souligné Bilel Sahnoun, directeur général de la BVMT.
Ces trois accords s’inscrivent dans le cadre d’un programme lancé par l’IFC en février, en partenariat avec le Secrétariat d’État suisse à l’Economie (Seco), afin d’encourager l’adoption des pratiques ESG dans les secteurs financier, manufacturier et agroalimentaire du pays.
«À l’heure où les conseils d’administration des entreprises en Tunisie comptent moins de 15% de femmes administrateurs, nous nous réjouissons d’œuvrer, de concert avec l’IFC, à accroître le taux de participation des femmes directrices et cadres à des postes clés dans les entreprises tunisiennes», a indiqué Houbeb Ajmi, PDG de Honoris Tunisie. «Les conseils d’administration plus équilibrés ont tendance à être plus efficaces, permettant ainsi aux entreprises d’améliorer leur performance et d’être plus durables et résilientes».
L’IFC, en tant que leader mondial, joue un rôle prépondérant dans l’établissement de critères ESG et de gouvernance d’entreprise. Cette influence s’exerce par la mise en place de normes de performance, le développement d’outils et de documents directeurs. L’intégration de ces normes ESG offre aux entreprises la possibilité de gérer les risques de manière plus efficace, d’améliorer leur réputation, d’attirer des investissements accrus et de créer de nouveaux débouchés. En Tunisie, l’adoption de ces pratiques par les banques et les entreprises demeure limitée, comme le révèle une étude de l’IFC, indiquant que la plupart des banques du pays ne disposent pas des compétences internes nécessaires pour gérer les risques ESG.
D’emblée, Moez Miaoui, responsable ESG Advisory Afrique du Nord et de l’Ouest, Afrique francophone, précise que l’approche consiste à intervenir à la fois au niveau macro et micro. “Au niveau macro, nous collaborons étroitement avec des partenaires institutionnels, offrant un soutien stratégique pour renforcer les pratiques ESG. Cela inclut l’accompagnement dans la compréhension des exigences au niveau des entreprises, avec un engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer ces pratiques.
Au niveau micro, notre action se concentre sur l’assistance aux entreprises pour la mise en place de référentiels ESG. Ces pratiques sont devenues incontournables, non seulement en tant qu’élément de création de valeur, mais aussi pour une meilleure gestion des risques, une prise de décision éclairée, et le renforcement de leur positionnement sur les marchés où elles opèrent. Exporter aujourd’hui sans répondre aux exigences ESG peut s’avérer non seulement difficile, mais même impossible”.
«Permettre aux entreprises d’améliorer leurs pratiques ESG est essentiel pour bâtir une économie solide et durable en Tunisie et attirer les investisseurs internationaux, explique Sarah Morsi, responsable de l’IFC pour la Tunisie. Et d’ajouter: «L’IFC est heureuse de mettre à profit son expérience en la matière afin de soutenir l’essor du secteur privé dans le pays».
Actuellement, les exigences en matière de pratiques ESG en Tunisie, particulièrement dans le secteur bancaire, sont limitées, et la production de rapports ESG par les entreprises cotées demeure volontaire. L’IFC apportera son soutien en facilitant la mise en place d’un cadre et d’outils par la Bourse tunisienne, favorisant ainsi la production de rapports ESG par un plus grand nombre d’entreprises cotées. De plus, l’IFC renforcera les compétences des administrateurs de banques et de sociétés membres de l’ITA en matière de normes ESG. Enfin, l’IFC promouvra la diversité de genres au sein des conseils d’administration en soutenant Honoris dans cette initiative.
«Nous nous appuyons sur deux décennies de collaboration fructueuse entre le Seco et l’IFC pour renforcer la gouvernance d’entreprise et la finance durable dans les pays en développement, a souligné Josef Renggli, ambassadeur de Suisse en Tunisie. Ce nouveau programme vise à améliorer les pratiques ESG en Tunisie et dans d’autres pays de la région Mena, facilitant ainsi les investissements indispensables alignés sur les Objectifs de développement durable (ODD) du pays».
Au cours des cinq dernières années, l’IFC a investi et mobilisé plus de 140 millions de dollars pour soutenir les secteurs agroalimentaire, manufacturier, financier et des énergies renouvelables en Tunisie. En parallèle, l’IFC joue un rôle actif dans l’amélioration du climat des affaires.
«Fort de l’appui de l’IFC, l’ITA pourra mieux contribuer à diffuser une culture de la bonne gouvernance et de la transparence au sein des entreprises tunisiennes tout en les sensibilisant à l’importance de la conformité aux impératifs ESG», a indiqué Moez Joudi, président de l’ITA.
Sarah Morsi souligne l’optimisme généré non seulement par les initiatives de simplification des autorisations en collaboration avec le gouvernement, mais également par la prise de conscience croissante et l’intérêt des entrepreneurs dans le portefeuille client de l’IFC.
Un aspect essentiel qui émerge est la nécessité de former des experts en Tunisie capables d’analyser les données pour évaluer la conformité des entreprises aux exigences ESG. Ces partenariats visent explicitement à renforcer le climat des affaires dans le pays.