Parmi les raisons pour lesquelles la Banque centrale veille à garder les taux d’intérêt élevés, au-delà de la question inflationniste, il y a celle de la protection du dinar. Le lien entre le taux de change et celui directeur est très fort.
Théoriquement, lorsque le taux directeur augmente, cela entraîne une hausse des investissements internationaux, et donc une appréciation de la monnaie. Ce mouvement rend les importations moins chères et les exportations plus onéreuses. Nous ne sommes pas dans ce scénario parfait, mais juste pour garder un mouvement en cohérence avec celui des devises majeures, ce qui est actuellement le cas.
Le volume des IDE en Tunisie n’est pas très important. Jusqu’à fin juillet 2023, ils ont totalisé 1 195,3 Mtnd, sans compter 135,4 Mtnd en portefeuilles. La priorité est d’interdire toute dépréciation injustifiée du dinar afin de préserver les grands équilibres macroéconomiques.
Ainsi, les non-résidents, entreprises ou particuliers, qui ont de l’argent en devises auprès des banques tunisiennes sont confiants qu’il y a une stabilité des comptes extérieurs du pays et qu’ils ne risquent pas d’être soumis à des restrictions de transfert de liquidité. De plus, le taux de placement obtenu dépend du TMM, lui aussi fonction du taux directeur.
La politique monétaire mise en place par la BCT a permis d’augmenter la dose de confiance des non-résidents et à leurs dépôts d’atteindre un pic de 13 270 Mtnd fin juillet 2023, soit une hausse de 640 Mtnd depuis le début de l’année. Ces dépôts représentent 56,9% des avoirs en devises à cette même date.
C’est pour cette raison que la mobilisation des financements étrangers demeure une question prioritaire. Bien que le niveau actuel des devises en Tunisie assure une fin d’année tranquille, encaisser des flux en monnaies étrangères à moyenne et longue maturité permettra de réduire les risques à court terme et de donner une marge de manœuvre plus importante aux banques pour financer la production réelle.
Nous pensons que l’urgence économique a été maîtrisée et il faut penser à faire redémarrer la machine de la croissance. La consommation est actuellement le seul moteur qui fonctionne à plein régime, mais elle a ses limites à cause de l’inflation. Il y a une fenêtre de tir, ne la ratons pas.