Depuis quelques semaines, les banques publiques sont sous le feu des critiques. La visite du président de la République au siège de la BNA a mis encore de la pression sur ces établissements. La STB s’est retrouvée accusée de gâter ses employés et de ne pas accorder l’attention nécessaire au respect des délais des publications de ses données financières. En réalité, ce n’est pas nouveau que la banque tarde dans cet exercice. L’année dernière, ses comptes intermédiaires ont été publiés le 10 octobre 2022. Une bonne partie des sociétés cotées accusent du retard dans cet exercice et cela n’a aucun lien avec les avantages qui peuvent être accordés au personnel. Les banques en particulier nécessitent des travaux d’audit et de certification des comptes plus longs que des entreprises à petits périmètres.
Certes, des problèmes existent dans la gestion du portefeuille de crédits octroyés par ces banques. Nous parlons ici d’un encours brut de 40 790 Mtnd avec un taux de créances classées à deux chiffres. Si les soucis n’existaient pas, l’Etat n’aurait pas procédé à une augmentation de capital colossale dans la STB et une sortie de la SFBT par la BNA. C’est l’origine de cette situation qui intrigue aujourd’hui et ce n’est pas à nous d’en discuter. C’est le rôle de la justice qui clarifie les responsables.
Ces banques sont les poumons des entreprises publiques. Elles assurent leur survie avec des crédits pour ces entités de 15 385 Mtnd fin 2022 pour la STB et la BNA. C’est un coût d’opportunité pour ces établissements qui ont des ressources et un large portefeuille clientèle qui leur permettent de faire beaucoup mieux si elles n’avaient pas cette obligation de servir des entités en difficulté. L’activité commerciale auprès des groupes privés comporte des risques et génère logiquement des créances douteuses. Il ne faut pas oublier que le contexte global s’est détérioré et les difficultés de refinancement de la dette des entreprises, en partie à cause de la hausse des taux, ont fini par une cadence plus élevée des incidents de défaut de paiement.
Nous pensons que c’est injuste de lyncher les banques publiques de la façon qu’on observe actuellement. S’il y a des carences, il suffit d’adopter une meilleure gouvernance et de renforcer les services d’audit interne et de recouvrement. Sinon, ces établissements ont une image commerciale qui peut être affectée auprès d’un public très influencé par ce qui se passe sur les réseaux sociaux.