C’est avec l’ambition de montrer les parcours extraordinaires des atugéennes depuis les années ‘70 et de lancer une action exigeant davantage d’accès des femmes aux postes de direction, aux conseils d’administration et à l’entrepreneuriat que le bras Women de l’Association des Tunisiens (et des Tunisiennes) des grandes écoles (Atuge) a saisi l’occasion de la Fête de la Femme pour rendre hommage à ses pionnières le 15 août à la Maison de l’Atuge.
Ces femmes d’une autre trempe se sont succédé pour évoquer leurs parcours, leurs réussites, les enseignements qu’elles en ont tirés, leurs critiques contre le ceiling glass qui défavorise les femmes par rapport aux hommes (à compétences égales) et leurs conseils aux jeunes générations.
Azza, Salha, Dalila, Aqisa, Emna, Ilhem… ont ainsi retracé des carrières inaugurées par de hautes études où elles ont été les premières à réussir dans les cursus d’ingénieur, de chercheur, de haut fonctionnaire, de planificateur, d’expert, d’enseignant, de spécialités atypiques… Brillant dans d’innombrables entreprises et institutions étrangères, changeant souvent de domaine, elles ont vécu les moments des grandes révolutions dans les technologies, l’Internet, les réglementations… Des parcours jalonnés par la présence dans les institutions les plus prestigieuses: France Télécom, Orange Group, Panthéon-Sorbonne, la FAO, le FMI, l’Inat, le ministère de l’Agriculture, la Sncft, l’ENA-Paris, le ministère de l’Economie (devenu Energie et Mines), X, Centrale, Arts et Métiers, EdF, SupTelecom, Phosphate Gafsa…
Elles ont évoqué le courage des femmes à participer dans la construction de la Tunisie, car elles étaient convaincues que le pays ne pouvait évoluer qu’avec ses élites (hommes et femmes) pour porter le développement par la réflexion, le travail, la solidarité et l’esprit d’équipe.
Elles ont rendu un vibrant hommage à tous ceux qui les ont soutenues au cours de leurs carrières, à commencer par leurs familles (souvent leur père), par quelques hauts responsables qui leur ont inculqué le sens de l’excellence et du possible, puis par leurs camarades, les réseaux auxquels elles ont appartenu.
Pour elles, la journée du 13 août, Fête de la Femme, revêt une importance singulière; regrettant pourtant que les choses n’évoluent plus tellement pour elles, trouvant inadmissible que certains esprits arriérés les considèrent encore comme moindres, dénonçant les problèmes d’accès aux crédits, soulignant que leurs travaux de fond n’ont pas été pris en compte…
Et la rencontre a été, comme il fallait s’y attendre avec une telle réunion de dames talentueuses, l’occasion d’un cri du cœur:
«Nous étions seulement quelques-unes au début. Il faut capitaliser sur l’Histoire, car nous nous sommes beaucoup battues pour arriver là où nous sommes. Le plus important est d’entrer en politique très tôt, travailler dans les municipalités, apprendre à prendre la parole et à juguler le trac, casser les barrières et progresser! L’avenir des femmes passe nécessairement par beaucoup d’ambition, ne rien lâcher, assumer les responsabilités, sinon rien ne changera!».
Tel est le grand message des pionnières aux jeunes femmes tunisiennes.