Selon une étude des Nations unies intitulée “L’économie informelle en Tunisie”, l’évasion fiscale et sociale des personnes actives dans l’économie informelle entraîne une perte annuelle de 3 milliards de dinars pour la Tunisie. Cependant, cette étude indique que ces pertes pourraient être récupérées grâce à des réformes au sein de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss).
D’après le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Tunisie, en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), la Cnss a enregistré des pertes de 1,3 milliard de dinars en 2020 en raison du non-paiement des cotisations par 917 000 personnes actives dans le secteur informel.
Le rapport met également en évidence que le chiffre d’affaires annuel du secteur informel s’élève à 52 milliards de dinars, en se basant sur le calcul de la valeur ajoutée, les statistiques des petites entreprises en 2016 et les pertes de recettes fiscales de l’État dues à la non-déclaration des impôts dans ce secteur.
L’étude souligne l’importance de mettre en place des réformes au sein de la Cnss afin de mobiliser des ressources supplémentaires équivalentes à ces pertes sur une période de cinq ans. Cela intervient à un moment où le gouvernement cherche à obtenir des financements sur les marchés intérieur et extérieur en raison de la faiblesse des ressources fiscales et des cotisations de retraite.
En 2020, le secteur informel employait 26,8% de la main-d’œuvre en Tunisie, représentant 917 000 emplois. Cependant, les employeurs de ces travailleurs ne s’acquittent pas de leurs cotisations de sécurité sociale. De plus, le taux de jeunes actifs dans ce secteur (âgés de 15 à 19 ans) atteint un record régional et international de 81,4%.
En résumé, à cause de l’absence d’opportunités d’emploi décentes dans le secteur formel, en raison d’obstacles institutionnels, économiques et sociaux, les travailleurs se tournent vers le secteur informel, ce qui entraîne des pertes importantes pour l’économie tunisienne. La mise en place de réformes au sein de la Cnss pourrait permettre de récupérer ces pertes et d’améliorer la situation financière du pays.