Le Maroc vient de prendre une décision importante et à répercussions politiques. L’arabe est désormais la langue officielle dans l’administration publique, les établissements publics et privés. Le français a été abandonné en tant que langue officielle.
Toutefois, une précision s’impose: il ne s’agit pas d’une obligation constitutionnelle. Ce passage vient à la suite d’un jugement rendu par le Tribunal administratif de Rabat et confirmé par la Cour d’appel. Dans ce jugement, l’usage du français par les administrations publiques a été considéré contraire à la réglementation en vigueur.
Les Marocains utilisent un mix linguistique, mais le français reste couramment parlé. Une bonne partie de la population maîtrise plutôt la langue de Molière et doit donc s’adapter aux documents officiels en arabe. Le secteur de l’éducation risque d’être touché puisque de nombreux établissements enseignent en français. Il est fort probable que les programmes seront révisés.
En même temps, cela ouvre la porte à tout un business. Il y a des opportunités pour les centres de formation qui peuvent proposer des cycles aux adultes pour améliorer leurs compétences linguistiques en arabe. Pour les jeunes générations, elles devront s’habituer dès leur plus jeune âge à cette nouvelle réalité linguistique.
La France ne devrait pas voir d’un bon œil cette mesure. Les relations entre les deux pays sont au point mort depuis la crise des visas. Une visite d’Emmanuel Macron, prévue début 2023, a été reportée. Une autre visite d’une délégation du Sénat français à Rabat, conduite par son président, aurait également été reportée. La classe politique à Rabat est convaincue qu’il y a une campagne anti-marocaine à Bruxelles orchestrée par Paris, ce que ce dernier nie. Si l’on ajoute la crise migratoire, l’été risque d’être politiquement chaud au sud de la Méditerranée.