Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), a déclaré, lors de l’ouverture des journées annuelles du club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique, ayant pour thème: “Quelle réglementation bancaire pour les économies africaines?”, que les trois dernières années ont été marquées par une crise sanitaire multifacette d’une rare profondeur et qui a frappé de plein fouet les économies africaines.
Dans le cadre de ces travaux, il a souligné: “Les institutions bancaires n’ont pas été épargnées des retombées de la crise qui leur a imposé non seulement de faire face à de nouveaux besoins et à des sollicitations fortes de soutien à l’économie, mais leur a également dicté une modification profonde et radicale de leurs stratégies et modes de fonctionnement”.
Le cadre de régulation du secteur bancaire a permis aux banques de par le monde, parmi elles, les banques africaines, de faire preuve de résilience, de flexibilité et de réactivité face à la crise. En effet, les régulateurs africains se retrouvent actuellement appelés à gérer de nouveaux enjeux et défis qui viennent accentuer les effets de la crise, ajoute-t-il.
Cinqs défis se posent, selon les dires du gouverneur:
- Le premier défi a trait à la situation géopolitique marquée par une instabilité due notamment au conflit en Ukraine qui a eu pour effet immédiat un renchérissement des denrées alimentaires et des hydrocarbures, mettant en péril la sécurité alimentaire et énergétique,
- Le deuxième défi est lié aux perspectives économiques dans un contexte marqué par des tensions inflationnistes qui fragilisent davantage le tissu économique et impactent le pouvoir d’achat des citoyens avec le risque d’exclusion de certaines franges de la population,
- Le troisième défi consiste en la promotion de l’inclusion financière qui doit être l’affaire de tous et qui passe, notamment, par la facilitation de l’accès aux services bancaires de base, le développement de relations de confiance avec la clientèle bancaire et la garantie de leur protection via la prévention du surendettement, une transparence accrue, une tarification responsable, un traitement respectueux et équitable des clients,
- Le quatrième défi scrute l’accélération des mutations liées à la révolution numérique porteuse d’opportunités à saisir mais concourant également à l’émergence de nouveaux risques que le secteur bancaire devra correctement appréhender pour réussir cette transformation,
Le cinquième défi concerne le dérèglement climatique (sécheresse, désertification, tarissement des ressources hydriques, érosion des côtes…) auquel notre continent demeure fortement exposé malgré sa faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre.